L'élu et le manager : quelle gouvernance territoriale dans l'économie mondialisée ?

Résumé Fr En

Les stratégies d’entreprises sont de plus en plus difficiles à déchiffrer car elles s’élaborent dans un cadre mondialisé et dans des contextes concurrentiels susceptibles d’évoluer très rapidement. Cela rend plus complexe l’élaboration des politiques de développement local dont l’objectif est de valoriser le potentiel économique des territoires. Pour les décideurs locaux confrontés à cette difficulté, la tentation est grande d’ignorer ce qui n’est pas maîtrisable et d’adopter une conception étroite de la dynamique économique locale en se focalisant finalement sur ce qui symbolise la « communauté », c’est-à-dire l’intensité des relations entre les entreprises d’un même territoire. Les références incontournables en la matière sont des expériences réussies (et très médiatisées) comme le Jura suisse, les districts industriels de la « troisième Italie » ou encore la Silicon Valley aux États-Unis. Si, depuis lors, de nombreuses monographies sur les conditions du développement économique de ces territoires ont montré le caractère exceptionnel et non reproductible de ces expériences, ces exemples hantent encore largement les esprits et le dispositif de soutien financier aux systèmes localisés de production élaboré par la DATAR contribue grandement à entretenir l’illusion sur les potentialités de développement liées à cette forme très particulière d’organisation productive. Les réseaux économiques développés par les entreprises dépassent largement le cadre territorial et les principes dominants de cette « gouvernance locale » se trouvent souvent en porte à faux par rapport aux logiques organisationnelles des entreprises et aux enjeux géographiques de l’économie mondialisée. Pour tenter de rendre moins improbable l’ajustement des actions respectives de l’élu et du manager, il est essentiel d’élargir les méthodes et les outils du développement local en y intégrant les relations entre l’échelon local et les autres échelons.

The strategies of firms are increasingly difficult to decipher, because they are now elaborated in an global framework and in potentially rapidly evolving competitive contexts. This complexifies the process of elaboration of local development policies, which aim at valuing the economic potential of local territories. Local decision makers are thus tempted to ignore what they cannot control and to adopt a narrow conception of local economic dynamics by focusing on community-like relations between local firms. Inevitable and largely-publicized examples of this conception are the Swiss Jura, industrial districts of the « Third Italy », or the Silicon Valley in California.Although many studies on these territories have shown that they could not be reproduced, these famous examples are still a reference for many local policy-makers, and the financial support scheme elaborated by the French National Spatial Planning Agency (DATAR) and dedicated to « localized production systems » reinforces the widespread illusion on the local development potential of this very particular form of industrial organization.Economic networks developed by firms exceed by far the limits of local territories ; therefore the basic principles of the so-called « local governance » are often at odds with the organizational logics of firms and the real spatial issues of a globalized economy. In order to give a better chance to the relationship between the local policy maker and the local manager, it is essential to include into the toolbox of local development policy an explicit concern in the relation between the local scale and the other relevant spatial scales.

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