2018
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Eliana Magnani, « La vie consacrée des femmes et l’ascétisme domestique : normes, liturgies, pratiques (fin IVe-début XIIe siècle) », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.470926...
Cet article dresse un panorama général sur l’ascétisme domestique féminin depuis la fin du IVe jusqu’au début du XIIe siècle, pratique attestée sur la longue durée, tout à fait admise canoniquement et instituée liturgiquement depuis l’Antiquité tardive, mais que l’historiographie, polarisée par les formes de vie cénobitiques, a laissé dans l’ombre. Il montre, à partir de l’exemple du cercle hiéronymien des veuves, vierges et couples chastes de Rome et ses environs, qu’il existe une grande porosité entre les différentes formes de vie consacrée et que les conversions des femmes n’est jamais un fait isolé, mais concerne plusieurs membres d’une famille et d’une maisonnée, touchant aussi bien les femmes que les hommes. La documentation conciliaire, les récits hagiographiques et les chartes attestent la récurrence de la vie consacrée des femmes menée dans le monde, dans leur propre demeure, mais aussi en symbiose et au service des communautés masculines. Ils permettent d’observer la mise en place de deux niveaux de distinction des femmes consacrées. Le premier est relatif à leur statut social, vierges ou veuves. Le deuxième concerne le type d’engagement dans la vie ascétique, c’est-à-dire les femmes qui ont simplement manifesté publiquement l’intention de rester chastes et celles pour qui ce propos a été sanctionné lors d’une cérémonie liturgique. La cérémonie de la « consécration-bénédiction », se constitue par analogie à celle du mariage, la velatio nuptialis. Comme l’attestent les différents sacramentaires et pontificaux, elle est centrée d’abord sur la remise du voile puis augmentée du changement d’habits, avec des différences qui distinguent ponctuellement les vierges des veuves, mais aussi les femmes retirées dans un monastère de celles vivant dans leur propre demeure, comme dans le Pontifical romano-germanique, vers la fin du Xe siècle.