L’émergence d’une « société civile écologique » : le mouvement de la permaculture (1978–2017)

Résumé En Fr

Based on research into the origins of the permaculture movement, its transnational diffusion and its current presence in Italy and other southern European countries, this article analyses the movement's development from the point of view of the growing importance within it of forms of individualised appropriation and 'open prefiguration'. Prefiguration means embedding a movement's vision of social change not only in its stated aims but also in its practices. Whereas 'closed prefiguration' advocates the creation of communities with a strong, shared identity and a clearly demarcated boundary separating the inside from the outside, 'open prefiguration' favours 'collaborations' between permaculture activists and other social movements and groups. In the conclusions, the article returns to the risks associated with the 'fluidity' of permaculture as a method of ecological prefiguration, but also to the contribution of this movement to the struggles for environmental and climate justice and to the cultural transformation necessary for the emergence of an ecological civil society.

À partir des données d’une recherche sur l’origine du mouvement de la permaculture, les modalités de sa diffusion transnationale et sa présence actuelle en Italie et dans d’autres pays du sud de l’Europe, l’article propose une analyse de l’évolution du mouvement sous l’angle du poids croissant en son sein des formes d’appropriation individualisée mais également de « préfiguration ouverte ». La préfiguration suppose l’inscription de la vision du changement social d’un mouvement non seulement dans ses objectifs déclarés mais également dans ses pratiques. Alors que la « préfiguration fermée » préconise la création de communautés avec une identité forte et partagée et une frontière nettement délimitée séparant l’intérieur de l’extérieur, la « préfiguration ouverte » favorise les « collaborations » entre les activistes de la permaculture et d’autres mouvements et groupes sociaux. Dans les conclusions, l’article revient sur les risques associés à la « fluidité » de la permaculture comme méthode de préfiguration écologique, mais également sur la contribution de ce mouvement aux luttes pour la justice environnementale et climatique et à la transformation culturelle nécessaire à l’émergence d’une société civile écologique.