Les analyses ascriptivistes et argumentativistes du lexique : application aux mots chef, frontière et État

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1 juillet 2023

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Corentin Denuc, « Les analyses ascriptivistes et argumentativistes du lexique : application aux mots chef, frontière et État », Lexique : revue en sciences du langage, ID : 10.54563/lexique.891


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Dans l’article « Ascriptivism », Peter Geach (1960) qualifie d’ascriptivistes les philosophes qui considèrent que dire « A a fait x volontairement », c’est tenir A pour responsable de x. Anscombre et Ducrot (1983) élargissent la signification du terme lorsqu’ils qualifient d’ascriptiviste toute analyse sémantique qui considère que le sens de certains énoncés n’est pas informationnel mais qu’ils servent fondamentalement à accomplir un acte de langage. L’énoncé « Marie est intelligente » ne servirait pas à décrire Marie mais à louer ses facultés intellectuelles. La sémantique argumentative développée par Anscombre et Ducrot se distingue à la fois du descriptivisme et de l’ascriptivisme au sens strict : le mot intelligent ne servirait ni à décrire ni à louer Marie mais à argumenter en faveur de la conclusion selon laquelle elle devrait réussir. Notre article interroge la possibilité d’appliquer des analyses ascriptivistes et argumentativistes à des mots du lexique social comme chef, frontière ou État. Il s’appuie sur un corpus d’emplois de ces trois mots, principalement issus de Twitter. « C’est moi le chef » ne servirait pas à décrire le locuteur mais, entre autres, à ordonner l’obéissance aux personnes visées ou à argumenter en faveur de l’ordre d’obéir. Cependant, ce type d’analyse doit se confronter au problème de Frege-Geach : s’il y a des contextes où « c’est moi le chef » sert à prescrire l’obéissance ou à argumenter en faveur de l’ordre d’obéir, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas (« il croit que c’est moi le chef »). Anscombre et Ducrot proposent plusieurs réponses au problème de Frege-Geach. Nous examinerons leur applicabilité à ceux des emplois du lexique social qui paraissent mettre en échec les analyses ascriptivistes et argumentativistes.

In the article ‟Ascriptivism”, Peter Geach (1960) calls ascriptivists philosophers who consider that to say “A has intentionally done x” is to hold A responsible for x. Anscombre and Ducrot (1983) give a broader sense to the term: they call ascriptivist any semantic approach which considers that the meaning of some utterances is not informational but is an act. The function of “Marie is intelligent” would not be to describe Marie but to praise her intellectual faculties. Argumentative semantics developed by Anscombre and Ducrot differs from descriptivsm and ascriptivism: the function of the word intelligent would not be to describe or praise Marie but to support the conclusion that she should succeed. Our article attempts to apply an ascriptivist analysis and an argumentativist analysis to social lexicon, more specifically to words such as chief, boundaries or State. It relies on a corpus, mainly taken from Twitter, of uses of these three words. The function of “I’m the chief” would thus not be to describe the speaker but to prescribe obedience to the addresses or to support that order. However, this type of analysis has to face the Frege-Geach problem: if, in some contexts, the word chief could have one of these two functions, in others, it clearly doesn’t (“he believes that I’m the chief”). Anscombre and Ducrot have suggested different solutions to the Frege-Geach problem. We will examine their applicability to some uses of social lexicon that seem to be counter-examples to the ascriptivist and argumentativist analyses.

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