19 octobre 2021
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Laurent Alibert, « Finitude et infini de l’écriture poétique dans Lei illas infinidas », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.4932df...
Le titre du premier recueil de Silvan Chabaud offre d'emblée la fonction poétique en pratique telle qu'elle est entendue depuis au moins la fin du XIX e siècle et comme elle sera théorisée en France par Pierre Reverdy puis les surréalistes : la poésie, l'acte du poïein naît de l'image poétique, de la confrontation d'un comparé et d'un comparant dont le rapport doit être étrange. Et en effet, c'est sous le signe de l'oxymore, c'est-à-dire d'un paradoxe apparent et d'une a priori totale contradiction que s'ouvre l’œuvre. Et par conséquent, le recueil propose une poésie du mystère. Le ton du recueil, plus proche d'une tradition de "trobar leu" que de "trobar clus" vient conforter l'idée que le mystère n'est pas une propriété de la poésie hermétique, et qu'une poésie au timbre clair peut tout autant, sinon davantage, être la voie de prédilection pour l'expression du mystère du vivant, de l'humain, de la présence au monde.En effet, au contraire de la poésie hermétique qui peut souvent se retrouver prisonnière de la limite contraignante du jeu de décryptage, une poésie ouverte, ne créant pas le mystère pour la cause littéraire et poétique mais ne le refusant pas quand il est au cœur du monde, le présentant au contraire de la manière la plus honnête possible, par le jeu du paradoxe des images poétiques, une telle poésie parle plus que jamais au lecteur moderne.