Anthropisation et avifaune: Mémoire d'Habilitation à Diriger des Recherches Volume 2 -Synthèse scientifique

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16 juin 2017

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Laurent Godet, « Anthropisation et avifaune: Mémoire d'Habilitation à Diriger des Recherches Volume 2 -Synthèse scientifique », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.498508...


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L’anthropisation, comprise dans ce mémoire comme la modification des paysages par l’Homme, est telle que la plupart des scientifiques de nombreuses disciplines ont nommé la période que nous vivons « anthropocène ». Je propose de documenter certains impacts de l’anthropisation sur la dynamique des paysages et des communautés d’oiseaux qui y sont associés à différentes échelles.Dans le premier chapitre, je cherche à définir la notion d’anthropisation et ses impacts sur la biodiversité. Les impacts de l’Homme, bien qu’étant une espèce de primate parmi d’autres, de par sa colonisation rapide de la planète, son caractère cosmopolite et très généraliste, doivent être étudiés de manière différente des impacts de n’importe quelle autre espèce. Nous montrons comment sont documentés les impacts de l’anthropisation sur la biodiversité sur des pas de temps longs (depuis le Pléistocène) et courts (dernières décennies) et dans quelle mesure ils peuvent être qualifiés de néfastes à la biodiversité. Ce chapitre s’achève sur les nouveaux outils et méthodes permettant de quantifier et de cartographier l’anthropisation des paysages à travers des cartes dites « d’empreinte humaine. »Dans le deuxième chapitre, je m’intéresse à la notion de « synanthropie » des oiseaux, comprise ici comme le fait, pour une espèce d’oiseau, de vivre aux côtés de l’Homme. Nous proposons une typologie des types de synanthropie : comment les espèces se rapprochent de l’Homme et pour quelles raisons (« quand l’oiseau vient à l’Homme ») et nous documentons aussi les impacts croissants de l’Homme et de ses activités sur les oiseaux (« quand l’Homme vient à l’oiseau »). Nous achevons ce chapitre sur une réflexion en matière de conservation : faut-il se réjouir et favoriser la synanthropie des oiseaux dans le contexte actuel de crise de la biodiversité ?Dans le troisième chapitre, je résume les travaux que j’ai réalisés sur le Marais poitevin. Je retrace la dynamique de l’anthropisation de cette zone humide, la plus vaste du littoral atlantique français. Si l’occupation du sol a connu des allers-retours au cours des trois derniers siècles, avec notamment des progressions et régressions des surfaces occupées par les prairies, les habitats les plus naturels (marécages, cours d’eau, schorres et estrans meubles) n’ont cessé de régresser alors que l’emprise humaine (routes et bâti notamment) n’a cessé de croître. Sur l’exemple de l’habitat des schorres, nous montrons l’influence du degré d’anthropisation de cet habitat sur la distribution des oiseaux. Les taches de schorres qui ne sont pas soumises à la fauche et les taches les plus anciennes sont celles qui sont les plus attractives pour les passereaux nicheurs.Dans le quatrième chapitre, je synthétise les résultats acquis dans le cadre d’un programme de recherche portant sur la biodiversité des marais salants. Je montre comment la fragmentation spatiale de ces milieux, dont les paysages sont entièrement façonnés par l’Homme, conduit à une distribution très contrastée des communautés d’oiseaux. Les paysages les plus fragmentés, qui sont les plus contraignants pour des oiseaux terrestres, sont les moins riches et les moins diversifiés, mais accueillent en revanche les espèces les plus rares à l’échelle du territoire national. Sur l’exemple d’une espèce d’oiseau, la Gorgebleue à miroir Luscinia svecica namnetum, je montre que les mâles ajustent la taille de leur domaine vital en l’étendant d’autant plus que les structures paysagères sont contraignantes. Par ailleurs, les marais salants peuvent être vus comme les habitats parmi les plus anthropisés que fréquente l’espèce sur le littoral français. Lorsque l’on compare la taille des domaines vitaux des mâles (considérée comme un indicateur de la qualité de l’habitat) entre les marais salants et des habitats plus naturels (schorres et roselières), nous mettons en lumière que ceux-ci sont 15 fois plus vastes en marais salants. Ce résultat suggère que même si des habitats très anthropisés sont utilisés par les oiseaux, ils peuvent ne constituer que des habitats-refuge de mauvaise qualité.

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