23 décembre 2023
Nicolas Golovtchenko, « Transformation des situations de travail et spatialisation des formes organisationnelles », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.49vvyq
Le rapport « Transformation des situations de travail et spatialisation des formes organisationnelles » résulte d’une commande passée par la Direction Conseil Innovation Stratégie, la Direction de la Logistique et le laboratoire d'innovation du Conseil Départemental de la Haute Garonne. La recherche (752 questionnaires renseignés pour un effectif de 2100 salariés) devait interroger et comparer les avantages et les inconvénients du travail à domicile et du travail « au bureau ». Pour 80% des répondants, l’activité de travail « au bureau » à l’Hôtel du Département se déroule dans des espaces partagés. Il ne s’agit pas de grands espaces ouverts type open space ou flex office rassemblant plusieurs dizaines d’occupants, mais de bureaux le plus souvent occupés par quatre ou cinq collègues, les bureaux individuels ne constituant le cadre de travail que d’une petite minorité, en particulier de catégorie A. L’organisation du travail à l’Hôtel du Département est jugée très satisfaisante par plus de 80% des répondants. Les espaces informels type machine à café, cafétéria, couloirs, ou encore cour extérieure, sont très appréciés comme espaces de sociabilité, et cela quel que soit le type d’espace occupé, individuel ou partagé ou que l’on appartienne aux catégories A, B ou C. S’agissant du télétravail à domicile, les résultats montrent que c’est devenu une expérience banale pour plus de 80% des salariés interrogés. Les salariés télétravaillent chez eux deux jours, toutes les semaines. Si une majorité déclare disposer d’un bureau, la typologie des formes d’occupation et de partage de l’espace domestique apparaît très variée en fonction d’une part du type de ménage considéré – couple ou célibataire, avec ou sans enfants - mais plus encore des différentes façons dont celui-ci organise le partage de l’espace selon une hiérarchie de priorités spécifiques à chaque modalité considérée - on garde les enfants ou non tout en travaillant, seul(e) ou avec son conjoint ou une baby-sitter - et selon des contextes différents : à l’étroit dans son logement ou disposant de suffisamment d’espace et/ou devant le partager ou non. Concernant les avantages du travail chez soi, hormis le fait de pouvoir y être seul, qui d’ailleurs ne constitue pas une priorité pour une large majorité des répondants, pour le reste, les avis apparaissent assez partagés. On n’y est pas plus concentré, ce n’est pas jugé plus confortable et, surtout, on n’y maîtrise pas plus efficacement son temps de travail et encore moins son partage avec le temps domestique, 92% répondant par la négative. Le seul avantage cité par 70% des répondants – mais qui est à retenir - concerne le temps économisé en déplacements domicile-travail.Même si une majorité (62%) se dégage pour affirmer qu’à domicile « tout lui plaît », les inquiétudes d’une minorité (environ 15%) s’expriment. Elles ne se rapportent pas aux conditions matérielles (matériel informatique, confort, etc.) mais indiquent la crainte de l’isolement et la relative frustration de devoir utiliser des outils de communication numériques plutôt que de côtoyer en « vrai » ses collègues. Cette relative insatisfaction liée au télétravail et à l’utilisation d’outils numériques pour la communication ne traduit pas seulement la peur de l’isolement, ou d’un confinement chez soi pas toujours agréable s’il n’est pas choisi, mais aussi la crainte d’une perte de cohésion d’équipe ou du sens du travail réalisé qui peut s’estomper avec la distance spatiale mise entre soi et les autres membres d’un collectif de travail.