2024
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Sophie Wahnich, « La souveraineté populaire des gilets jaunes au regard du laboratoire de la Révolution française », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.4b3d1a...
Les gilets jaunes ont utilisé une signalétique et le script révolutionnaire pour accompagner leur dynamique de mouvement : bonnets rouges, Marseillaise, drapeaux tricolores, prise de la Bastille par les femmes où sont concaténés deux événements fondateurs, L'Elysée traité comme un château des Tuileries, un Serment du jeu de Paume à Versailles par Fly Rider et Priscilla Ludovski, Macron traité comme un roi qu'il faut décapiter en effigie ou juger au Tribunal Pénal International (TPI) pour la répression qu'il a menée ou en simulacre à la bourse du travail pour se redonner des forces quand le mouvement ascendant s’achève.Sous l'ambivalence de ces symboles, l'inventivité politique des gilets jaunes resonne avec l'inventivité révolutionnaire sans que les acteurs, cette fois, en fassent nécessairement un script.Le passé révolutionnaire monumental a été un opérateur de rupture politique avec les expériences axées sur l'organisation de classe. Mais loin d'être antipolitiques, les Gilets Jaunes, en soulignant le désir de verticalité monarchique du président et en se présentant comme « peuple », se réinscrivent dans la tradition politique démocratique française depuis la fondation révolutionnaire française. La référence aux droits de l'homme et du citoyen, ceux de 1789 et de 1793, permet de revendiquer l'insurrection et le droit à l'existence, reformulés sous l'énoncé « nous voulons vivre, pas survivre ! ».