23 mars 2024
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Vincent Vlès et al., « Une fin sans fin. La lente agonie de la station du Puigmal, idéal-type de l’effacement des petites stations de sports d’hiver ? », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.4b9968...
Depuis les années 1980, les vulnérabilités climatiques s'ajoutent aux vulnérabilités socioéconomiques d’un modèle de développement territorial par le ski alpin qui tend à s’essouffler et dont le maintien semble contrevenir aux enjeux climatiques et écologiques globaux. Cet article propose d’examiner à partir de l’exemple d’un stade de neige lancé dans les années 1970, Puigmal (Pyrénées-Orientales), la manière dont s’articulent dans des politiques publiques locales et régionales l’héritage culturel et matériel du XXe siècle et les enjeux écologiques présents et à venir. Après avoir examiné dans une première partie la construction d’une dépendance au sentier des sports d’hiver, le propos sera de confronter cette action publique à trois caractéristiques auxquelles est confronté le secteur des sports d’hiver : le mode de valorisation actuel des montagnes méditerranéennes par les sports d’hiver (ski alpin pour l’essentiel) est largement non-viable aux points de vue climatique, écologique et économique ; la trajectoire des stations de ski est une source d’antagonismes dont l’arbitrage n’est pas ou mal assuré ; les bouleversements à venir sont largement minorés et segmentés par les opérateurs de la neige. L’examen d’une trajectoire particulière montre la manière dont les temporalités s’entremêlent pour des raisons matérielles, politiques et économiques. La table-rase qu’imposerait les changements climatiques ne se traduit pas dans les politiques publiques car l’avenir climatique angoissant est tempéré par le rôle rassurant du passé, que s’installent et se renforcent des antagonismes non arbitrés entre des enjeux aux échelles encore tenues politiquement pour séparées (écologie/économie, locale/globale) et que, globalement, les risques écologiques et climatiques sont déconsidérés.