3 juin 2015
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Jean-Michel Fourniau et al., « La portée de la participation du public face au retour des conflits territoriaux », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.4c56a1...
La mise en procédure croissante de la participation depuis une trentaine d’année, sous forme de dispositifs institués plus ou moins standardisés, mais le plus souvent organisés et contrôlés par une autorité politique ou administrative, a été accompagnée de près par le développement de travaux en sciences humaines et sociales visant à analyser les effets comme les résultats directs attachés à la mise en œuvre des procédures. Par construction, de telles approches ne peuvent saisir pleinement l’expérience démocratique des participants, son caractère ouvert, toujours en tension entre les contraintes pragmatiques qui pèsent sur l’activité et les modèles idéaux de la démocratie qui fournissent des horizons d’action. C’est pourquoi la détermination des effets est également l’un des principaux ressorts critiques des acteurs de la démocratie participative.La perspective adoptée dans cet ouvrage rend compte se situe, à l’inverse, dans une vague de travaux se proposant de sortir du « tropisme procédural ». Le renouvellement de l’approche des effets suppose de ne plus chercher à en dresser le tableau synoptique en dehors de l’expérience des acteurs, mais de décrire comment les acteurs explorent eux-mêmes les effets possibles. Il suppose d’abandonner la terminologie associée à la notion d’effets, et de la remplacer par la notion alternative de portée de la participation.Ce positionnement nous a conduits à saisir la portée de la participation dans le fonctionnement politique courant d’un territoire, en nous attachant aux multiples activités par lesquelles les protagonistes de grands projets d’aménagement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur cherchent à avoir prise sur les problèmes publics auxquels ces projets proposent de répondre, et sur leur trajectoire. Les pratiques participatives et délibératives se déploient non seulement dans les dispositifs institutionnels de débat public et de concertation, mais également dans de nombreuses mobilisations territorialisées où est engagée la réalité des forces, des intérêts et des stratégies. La notion de portée a été développée pour permettre de penser ces activités dans leur dynamique temporelle, c’est-à-dire de les appréhender comme des processus de problématisation, de publicisation et de constitution de prises différenciées sur les problèmes publics affectant le territoire. La notion de portée permet ainsi de modéliser comment se mêlent étroitement participation et conflits territoriaux dans l’avancement des projets d’aménagement.