6 décembre 2024
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Gabriel Bideau, « Les communes nouvelles françaises (2010-2024) : de l'observation des mutations d'une maille territoriale à l'étude d'une politique publique », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.4ccc1f...
La maille communale est fréquemment critiquée. Dans ce contexte, le statut de commune nouvelle a été créé en 2010 avec comme objectif de favoriser les fusions. Entre le 1er janvier 2012 (création de la première commune nouvelle) et le 1er janvier 2024, on peut dénombrer 2 571 communes ayant conduit à la création de 810 communes nouvelles. Or, les évolutions de la maille communale sont peu analysées dans la littérature scientifique. Cette thèse aborde différentes dimensions de cette transformation.Il s'agit, d'une part, de caractériser les communes ayant participé à la création de ces communes nouvelles. La création de communes nouvelles n'est pas le fait d'un type unique de communes, qui correspondrait à un archétype attendu de toute petite commune rurale, fusionnant car n'ayant plus les moyens de maintenir ses services publics dans une dynamique de déprise démographique. Le groupe des communes fusionnantes peut avoir quelques tendances propres si on observe les indicateurs synthétiques (regrouper des communes davantage rurales, au poids démographique assez moyen, avec une sous-représentation de certains groupes sociaux et une intensité de coopération intercommunale). En revanche, ces caractéristiques ne sont valables ni pour toutes les communes fusionnantes, ni pour constituer des conditions nécessaires ou suffisantes conduisant à la fusion. Dans plusieurs cas, comme les résultats électoraux, les variations sont même négligeables vis-à-vis d'autres effets, régionaux en particulier. De fait, la répartition des communes nouvelles est très inégale sur le territoire, suivant une forme d'« effet de grappe ». Une partie des caractéristiques qui peuvent être attribuées aux communes nouvelles sont en réalité celles des régions comportant de nombreuses communes nouvelles ; un des enjeux méthodologiques est donc de distinguer cet effet de contexte.Le statut de commune nouvelle, lancé et soutenu par l'État avec des objectifs affichés d'économies voire de rationalisation de la trame communale, est saisi par des communes aux profils variés, dans le cadre d'un effet d'aubaine (incitations fiscales). Les objectifs initiaux sont très inégalement atteints : on n'observe pas de refonte globale de la carte communale, les communes très peu peuplées sont sous-représentées dans les communes fusionnantes et les économies attendues ne sont pas systématiquement perceptibles. Cela invite à questionner les objectifs, moyens et conduite de la politique publique accompagnant les communes nouvelles.Cette thèse par articles s'inscrit résolument dans une démarche de science ouverte en mettant à disposition les données mises en forme, le détail des analyses (code informatique) et les résultats. Elle se propose de participer à une évaluation des politiques publiques, en particulier vis-à-vis des évolutions, peu connues, des collectivités françaises.