Food delivery riders, the mètis tested by the platformization of work Livreurs des rues, la mètis à l'épreuve de la plateformisation du travail En Fr

Résumé En Fr

The instructions given by platforms are straightforward: accept the notification; go to the restaurant and pick up the order; then ride and deliver the parcel to the customer. Entering in a partnership with a platform is easy, all you have to do is become a self-employed! Delivery riders are mainly motivated by being autonomous and able to choose their schedules; working outside; engaging in sporting activities and making money. However, on the ground, around the streets, the reality is quite different. The organization of work orchestrated by the platforms, is not that of a traditional company. A contextual approach and four studies paint a portrait of the platformisation of delivery work and its workers. The specific organization of work takes shape through the study of the rules applying to it, issued from multiple sources. Delivery workers, in search of rules allowing them to carry out and sustain their work activity, are caught in a game at the crossroad between their motivations and goals and the constraining, changing, opaque and sometimes contradictory rules of work organization. Ingenious, handy, clever, these workers try hard to understand the rules. Five delivery experiences and one hundred and fifty exchanges on social networks, collected and analyzed, reveal the real work activity and the strong mobilization of a mètis intelligence – a source of fulfilment and creativity – are revealed. Mètis is expressed through ingeniosity, cunning, illegality, invisibility, illusion and appearances, but quickly reaching its limits. Tested and captured by algorithms, it runs out and disappears. Constraint by a disorganized organization, delivery workers have almost no room to regulate their work activity. The platformisation of delivery work becomes a source of alienation and suffering for delivery riders.

La consigne donnée par la plateforme est simple : accepter la notification, aller jusqu’au restaurant et récupérer la commande, puis aller livrer le client. Pour devenir partenaire des plateformes, il suffit d’être autoentrepreneur ! Ce qui motive les livreurs, c’est d’être indépendants et de pouvoir choisir leurs horaires, d’être en plein air, de faire du sport, et de gagner de l’argent. Sur le terrain, dans la rue, la réalité est tout autre. L’organisation du travail orchestrée par la plateforme n’est pas celle d’une entreprise classique. Une approche contextuelle et quatre études dressent un portrait de la plateformisation du travail de la livraison et de ses livreurs. Cette organisation du travail spécifique prend forme par l’étude de ses règles de sources multiples. Les livreurs, en quête de régulation pour réaliser et maintenir leur activité de travail, sont enserrés dans un jeu entre leurs motivations, leurs buts et des règles contraignantes, changeantes, opaques et parfois contradictoires de l’organisation du travail. Ingénieux, bricoleurs, astucieux, ces travailleurs tentent de comprendre les règles. Cinq récits d’expérience de la livraison et cent cinquante échanges sur les réseaux sociaux, collectés et analysés, révèlent l’activité de travail réel et la mobilisation forte d’une intelligence mètis, source d’épanouissement et de créativité. Cette dernière se déploie par la ruse, l’illégalité, l’invisibilité, l’illusion, le paraître, mais elle trouve rapidement ses limites. Éprouvée ou captée par les algorithmes, elle s’épuise et disparaît. Les livreurs contraints dans une organisation désorganisée ont une de marge de manœuvre réduite pour réguler leur activité de travail. La plateformisation du travail de la livraison est alors source d’aliénation et de souffrance pour les livreurs.