4 mai 2025
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Xavier d'Hérouville et al., « Œuvres oubliées de Théodore Chassériau : Jamais 2 sans 3 ? », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.4d5c61...
En 2001, le premier portrait peint par Théodore Chassériau en 1836 est réapparu dans une collection privée française. Le portrait de la petite Laure Stéphanie Pierrugues et de sa poupée est rebaptisé « L'Enfant & ; la poupée ». En 2023, c'est au tour du second portrait peint par Théodore Chassériau de réapparaître dans une autre collection privée française. Le portrait de Victor Pierrugues, le propre frère de Laure Stéphanie, est à son tour rebaptisé « L'Enfant au basson ». À ce jour, le troisième et dernier portrait de cette série de trois peints en 1836 n'est toujours pas apparu. A-t-il jamais été peint ? A-t-il survécu au passage du temps ? Ou bien est-il encore accroché aux murs d'un descendant de la branche aînée de la famille Pierrugues émigrée aux Etats-Unis ? Nul ne le sait ! Quoi qu'il en soit - qu'il s'agisse encore d'une esquisse ou d'une œuvre achevée - tout porte à croire que ce dernier portrait pourrait être celui de la mère de la petite Laure Stéphanie et du petit Victor Auguste : Françoise Augustine, alias « Augusta » Pierrugues, née à Nayve à Philadelphie en 1808. Son père, le marquis Louis Marie de Nayve de Combles de Noncourt, était commissaire de la marine royale italienne et commandant en chef de St Domingue après la reddition de Toussaint Louverture. C'est à Saint-Thomas (îles danoises) qu'il a épousé la future mère d'Augusta, Elisabeth Louise Antoinette Mary, une créole de Saint-Domingue. S'il devait réapparaître un jour, ce tableau aurait non seulement la même importance historique que les deux autres portraits peints par Théodore Chassériau durant l'été 1836, témoignant de « l'enfance » du jeune prodige, âgé de 17 ans seulement, volant de ses propres ailes, tout juste libéré de l'influence de son maître, Dominique Ingres... Mais aussi le caractère unique et remarquable du « chaînon manquant », première œuvre à représenter une silhouette féminine, prémices de ce qui deviendra sa « marque de fabrique » et le distinguera plus tard de tous les autres peintres de son temps.