12 novembre 2021
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Matthieu Duperrex, « Un transect du colonialisme environnemental, l’oued Bouskoura à Casablanca », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.4dnymn
Cette communication propose un regard sur l’évolution métropolitaine de Casablanca, capitale économique du Maroc, au travers du suivi du lit « invisible » d’un fleuve côtier d’une trentaine de kilomètres, l’oued Bouskoura. Ce cours d’eau a été enterré par les diverses opérations d’urbanisme colonial du XXe siècle qu’a prolongé le développement urbain accéléré de Casablanca depuis les années 1980. Si le cours d’eau nous tient lieu de transect critique à l’intérieur du tissu métropolitain, sa géographie est aussi l’occasion de placer en perspective l’écologie coloniale dont Casablanca hérite. En effet, dès le début du Protectorat, le maréchal Lyautey fait de Casablanca un laboratoire de l’urbanisme avec notamment des règles de voiries et d’assainissement qui vont marquer l’histoire récente que traverse l’oued Bouskoura. Comme nombre de villes entrant dans la modernité, bien qu’avec une radicalité peut-être plus franche qu’en Occident, du fait de l’autorité sans partage du Protectorat français, Casablanca a imperméabilisé ses sols et fait disparaître sous la chaussée le réseau hydrographique mineur. Quels que puissent être les services rendus par l’oued Bouskoura, qui irriguait autrefois vergers et jardins, l’urbanisme colonial l’a donc relégué à une question de collecte et d’écoulement des eaux de pluie et l’a privé de son débouché naturel, qui se situait précisément là où fut construite la gare Casa Port.