29 janvier 2009
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Isabelle Ligier-Degauque, « Dans l’atelier de création et de refonte d’une “tragédie-opéra” : étude de lettres choisies de Voltaire sur "Sémiramis" (1748) et de sa réception parodique », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.4f115f...
Dans la préface de "Sémiramis", Voltaire parle d’une tragédie « d’une espèce particulière, et qui demande un appareil peu commun sur le théâtre de Paris ». Les décors conçus par les frères Slodtz, l’apparition du fantôme de Ninus, les effets spéciaux, le renforcement du pathétique et de l’horreur avec une scène de reconnaissance tardive, tous ces éléments font de "Sémiramis" une « tragédie-opéra », selon la formule de J.M. Bailbé. Nombre de lettres de Voltaire témoignent de ses préoccupations scéniques. A cause de l’accueil mitigé de sa tragédie, Voltaire corrige les passages faibles et réécrit en particulier le dernier acte, avec la hantise de voir jouer la parodie éponyme de Bidault de Montigny, écrite dès septembre 1748 pour la Comédie-Italienne et que Crébillon a laissé malignement passer. Après quatre mois de sollicitations du couple d’Argental et de démarches, entre autres, auprès du lieutenant général de police, la parodie est retirée de l’affiche ; elle est imprimée en 1749 à Amsterdam, sans le retentissement qu’elle aurait pu connaître si elle avait été jouée. Pourtant, si Bidault de Montigny recherche le divertissement, il n’ignore pas les innovations auxquelles Voltaire a pu se risquer dans "Sémiramis", sous l’influence conjointe de l’opéra et du théâtre anglais. Ainsi, la réflexion de Voltaire sur la transformation nécessaire de la tragédie en France est interrogée sous prétexte de seulement faire rire un public français amateur de parodies prenant pour cible les grands succès théâtraux du XVIIIe siècle. La parodie de Bidault de Montigny révèle à quel point Voltaire est un auteur digne d’être moqué grâce à son engagement passionné et audacieux dans la recherche théâtrale.