19 juin 2024
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Léa Beaumont et al., « Les tufs calcaires : évaluation d’un patrimoine géomorphologique hétéroclite », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.4irujh
Le géopatrimoine se définit comme l’ensemble des objets ou sites géologiques d’importance globale à locale qui représentent des phénomènes géologiques ou témoignent de l’histoire de la Terre. Les objets et sites géomorphologiques s’inscrivent dans le géopatrimoine. Pour les sites présentant un intérêt remarquable, on parle de géomorphosite. Différents caractères leur confèrent une valeur : les attributs esthétiques, culturels, socio-économiques et scientifiques. Des valeurs additionnelles peuvent être ajoutées telles la biodiversité présente ou l’intérêt historique des sites. Les tufs calcaires répondent à ces critères et sont donc un exemple de géopatrimoine. Il s’agit de roches carbonatées continentales caractéristiques des périodes interglaciaires, qui se déposent par des processus biogéochimiques dans les cours d’eau et à proximité de sources. Ils ont la particularité de présenter une multitude de faciès qui illustrent une pluralité de processus géomorphologiques. De plus, une association de mousses et d’hépatiques, le Cratoneurion, y est strictement inféodée et correspond à un habitat prioritaire de la Directive Habitats Natura 2000 : les Sources pétrifiantes avec formation de travertin (UE 7200).Leur valeur socio-économique liée à leur exploitation pour le bâti leur confère aussi une forte valeur en tant que patrimoine géoarchéologique. La présence humaine en fait les témoins des peuplements passés et témoigne de l’évolution des pratiques culturelles dès la Préhistoire. Cela leur donne une importance dans l’histoire des sciences, notamment de la Préhistoire française, qui a vu le jour dans la vallée de la Somme grâce à des sites tels que le tuf de Caours. Leur valeur esthétique peut être facteur d’activités touristiques, à l’exemple des cascades de tuf de la vallée du Hérisson (Jura). Les tufs calcaires ont donc une forte valeur géopatrimoniale et au moins 34 des 3515 sites actuellement recensés à l’Inventaire National du Patrimoine Géologique (INPG) en France comprennent des dépôts de tuf.Leur intérêt géopatrimonial peut s’exprimer à différentes échelles, de la taille d’un chenal de tuf, à une concentration de tufs de sources au sein d’un massif karstique. L’inventaire de ces sites en France passe non seulement par l’INPG mais aussi, indirectement, par l’inventaire ZNIEFF (cf. associations à Cratoneurion). En France, la préservation des sites de tufs, qu’ils soient fossiles ou actifs, peut être mise en place par différents acteurs (l’Etat en la personne du préfet pour les APPG, les départements via la politique ENS...) et les objectifs ne sont pas toujours identiques (par exemple : conservation du phénomène de précipitation toujours actif via la préservation de l’environnement local, ou sauvegarde du front de taille d’une ancienne carrière de tuf fossile). La valeur des géomorphosites à tufs calcaires reste donc complexe à évaluer.Le poster présenté ici vise à questionner comment évaluer la valeur des tufs calcaires en tant que patrimoine géomorphologique, à partir des exemples de deux sites classés Espaces Naturels Sensibles (ENS) en Île-de-France : le tuf fossile de La Celle-sur-Seine (Seine-et-Marne) et les dépôts de tuf actif de Morainvilliers (Yvelines). Ces deux tufs sont d’âges différents, d’épaisseurs diverses (respectivement : 8-11 m et quelques centimètres) et de faciès variés, permettent d’illustrer la variété des géomorphosites à tufs et les outils de préservation de ces sites.