2020
Cairn
Carla Canullo, « Les échecs de la compréhension », Transversalités, ID : 10670/1.4joh10
Qu’en est-il de l’herméneutique après ce que Jean Greisch nommait « l’âge herméneutique de la raison » ? Serait-elle une discipline dont le moment s’est désormais achevé ou bien aurait-elle encore des puissances à déployer ? Cet article cherche à répondre à ces questions en abordant la compréhension à l’aune de ses échecs, le faisant par le recours à des auteurs qui ne se sont pas réclamés de la tradition herméneutique (Jean Nabert, Albert Camus, Kierkegaard). Pour ce faire, à partir de l’échec nabertien montrant au moi son inégalité, et dans le but de saisir où notre condition herméneutique et interprétante s’enracine, on placera la compréhension entre l’amour et la polémique, à savoir entre les deux pôles qui, l’un et l’autre, nous montrent que notre inégalité à nous-mêmes est la marque de l’Autre qui nous donne de demeurer à jamais « entre ». Cet Autre de notre condition existentielle qui à chaque fois nous oblige à passer. Cet Autre grâce auquel l’échec est la marque de la fécondité incompréhensible de la compréhension.