2016
Cairn
Paul Pelckmans, « Du désert d’Alceste aux délices de la retraite partagée. À propos de quelques dénouements de Philippe Néricault Destouches », Dix-huitième siècle, ID : 10670/1.4nsr2r
La comédie classique est un genre foncièrement mondain et du coup peu enclin à la retraite : quand Alceste, au dénouement du Misanthrope, propose à Célimène de le suivre « dans [s]on désert », son invitation saugrenue ne fait de toute évidence que signer sa débâcle absolue. Les comédies aujourd’hui très oubliées de Philippe Néricault Destouches (1680-1754) alignent, dans le second quart du 18e siècle, quelque quatre ou cinq dénouements qui accusent certaine érosion de cette évidence. Quelques-unes de ses jeunes premières s’y laissent en effet tenter par la perspective d’une solitude à deux qui ressemble à tout prendre, fût-ce en moins cassant, à ce qu’Alceste proposait en vain. Elles rejoignent ainsi certain individualisme moderne qui est au cœur des Lumières et dont la poussée se faisait donc, semblerait-t-il, assez forte pour se profiler aussi, de façon il est vrai très intermittente, jusque dans la comédie.