29 novembre 2019
Amélie Ribieras, « Le discours socioculturel et les pratique militantes des conservatrices aux États-Unis. Le cas de Phyllis Schlafly et Eagle Forum », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.4osi2w
Cette thèse examine le discours socioculturel et les pratiques militantes des femmes conservatrices aux États-Unis, àtravers le cas de l’organisation Eagle Forum créée par Phyllis Schlafly (1924-2016). Cette militante conservatrice puiseà la fois dans son expérience militante personnelle, notamment au sein du Parti républicain, et dans des cadresidéologiques normatifs véhiculés par le mouvement conservateur pour mobiliser ses semblables. Son parcours personnel,entre conformité et vocation politique, est abordé tout au long de cette étude en lien avec la montée du conservatismesur la période considérée, mais également avec la contestation sociale, à partir des années 1960. Dans un contexte d’épanouissement des mouvements sociaux, et en particulier du féminisme, qui préconise la libération des femmes vis-à-vis des carcans patriarcaux et de définitions genrées étroites, les conservatrices ont recours à l’action collective, qu’elles estiment nécessaire pour défendre la famille traditionnelle régie par la division stricte des rôles par sexe. L’homme y est en charge de la survie économique du foyer tandis que la femme s’occupe des soins aux enfants et du foyer. En 1972, les conservatrices s’opposent à la proposition d’un amendement pour l’égalité des droits, l’Equal Rights Amendment (ERA), qui vise à inscrire l’égalité des sexes dans la Constitution. Phyllis Schlafly fonde alors STOP ERA (1972), puis Eagle Forum (1975) afin de porter le message conservateur et fournir un support militant pour les conservatrices, souvent caractérisées par leur statut de femmes au foyer. La responsable d’Eagle Forum se fait le héraut d’un discours antiféministe acerbe qui rejette la vision féministe de lafemme et de la famille et prône le maintien des normes socioculturelles traditionnelles qu’elle juge bénéfiques pour lesfemmes. Au moyen de cadres de l’action collective et d’une manipulation des émotions opportuns, elle diffuse largementses idées, notamment dans sa newsletter The Phyllis Schlafly Report. Dans le but d’assurer la solidité de son organisation et de l’inscrire dans la longévité, Schlafly développe des pratiques culturelles visant la cohésion, impliquant notamment l’utilisation des émotions et l’entretien de la mémoire, et elle se pose en leader et figure conservatrice incontournables.