2020
Cairn
Pierre Gueydier, « Intelligence artificielle et travail des données », Revue d'éthique et de théologie morale, ID : 10670/1.4p39fo
Le terme de « donnée », omniprésent dans les débats sur l’intelligence artificielle, induit une sorte de dimension naturelle au détriment des processus et des acteurs qui lui ont donné naissance et la gouvernent. Les big data et l’intelligence artificielle recherchent une modélisation des comportements sociaux qui se concrétisera, au cours des années 2010, par la théorie du nudge comme convergence entre données, algorithmes apprenants et objectifs politico-sociaux. Le réductionnisme de cette ingénierie sociale croit possible et souhaitable la réification des relations humaines. Ainsi, seule une action externe permettrait de « changer la société » ; la créativité et le pluralisme des acteurs impliqués n’étant pas suffisante. Conception que l’on peut qualifier de dépolitisée voire déshumanisée des rapports sociaux.