5 octobre 2018
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Karen Akoka, « Réfugiés ou migrants ? Les enjeux politiques d’une distinction juridique », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10.3917/nrp.025.0015
Les définitions du réfugié qui se sont succédé dans le temps sont souvent présentées comme des nécessités, des solutions élaborées pour répondre aux problèmes objectifs des groupes et des individus visés par ces définitions. À partir d’une analyse des transformations historiques de la catégorie de réfugié ancrée dans le courant théorique de la construction des problèmes publics et l’exploitation des sources conservées aux archives de l’Ofpra, cet article montre que, loin d’avoir constitué des réponses neutres répondant à des besoins objectifs, les définitions du réfugié, depuis la construction de la catégorie internationale dans l’entre-deux-guerres, sont politiquement situées. Il montre que la catégorie se transforme au gré des priorités politiques, des changements de rapports de force internationaux, des façons de formuler des problèmes, de leur trouver des solutions, et des enjeux idéologiques spécifiques d’une période. Pour mieux saisir ces enjeux, cet article propose de se pencher sur les variations des groupes d’inclus dans la définition du réfugié tout en les mettant en perspective avec ceux qui en sont exclus, à plusieurs moments du xxe et du xxie siècle. Il propose enfin de se pencher tout autant sur les transformations des définitions du réfugié dans le temps que sur les différentes interprétations auxquelles une même définition a pu donner lieu, en l’occurrence celle de la Convention de Genève depuis 1952 en France. Ce faisant, il montre que les définitions du réfugié en disent bien plus long sur les sociétés qui les élaborent et les mettent en œuvre que sur les individus qu’elles sont censées désigner.