28 juillet 2009
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Jean-Marie Moine, « Un mythe aéronautique et urbain dans la France de l’entre-deux-guerres : le péril aérochimique », Revue historique des armées, ID : 10670/1.4rb5qz
S’appuyant sur deux innovations de la Première Guerre mondiale : l’aviation de bombardement et les gaz de combat, un abondant discours sur le péril aérochimique s’est propagé pendant l’entre-deux-guerres. Les nationalistes ont insisté sur ce danger pour justifier leurs revendications d’un désarmement réel de l’Allemagne et d’un réarmement français, notamment aérien. Les pacifistes ont repris le thème en propageant une vision apocalyptique : les grandes villes promises à l’anéantissement par la voie des airs au moyen de gaz de plus en plus sophistiqués et à l’efficacité meurtrière imparable. Il s’agissait d’inspirer l’horreur d’une telle guerre et de dénoncer les profits attendus par une nouvelle catégorie de marchands de mort. Parallèlement s’est ouvert un débat sur une possible protection : soit préventive, l’interdiction des armes chimiques, qui rencontrait généralement le doute, soit par l’organisation de la défense passive. La menace aérochimique a permis aux architectes de proposer un nouvel urbanisme censé en pallier les effets, fondé le plus souvent sur l’espacement et la construction en hauteur. Les conflits, notamment la Deuxième Guerre mondiale, n’ont pas validé les anticipations dramatisées mais la puissance d’évocation du mythe de la guerre aérochimique a contribué à ancrer une attitude de dissuasion et à propager les voies de l’interdiction des armes chimiques entrée en vigueur en 1997.