10 mai 2022
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/altIdentifier/doi/10.3917/poeu.075.0010
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Andy Smith, « Le gouvernement de l’Union européenne revisité : éclipses et renouvellements du « dirigisme communautaire » », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10.3917/poeu.075.0010
Depuis le milieu des années 1990, grâce à la banalisation de la méthode sociologique au sein des sciences sociales et à leur investissement dans l’étude de l’Union européenne (UE), la connaissance concernant ce que gouverne cette dernière n’a cessé de s’accroitre. Plus exactement, la recherche conduite dans cette double perspective a permis de générer des données et des analyses fines aboutissant à des explications profondes de l’institutionnalisation différenciée de l’UE, de ses défis de légitimation nombreux, ainsi que de ses effets socio-économiques et politiques multiples. Le premier objectif de cet article est de synthétiser l’apport de ces acquis de recherche, tout en pointant la valeur ajoutée des sources théoriques et méthodologiques dont ils découlent. Son deuxième objectif, plus programmatique, est d’inciter les recherches sur l’UE, en cours et à venir, à aborder encore plus frontalement les changements de la manière dont elle se gouverne depuis le milieu des années 1990. En résumé, l’hypothèse qui sera défendue est la suivante : les effets combinés d’orientations de politique économique adoptées juste après le Traité de Maastricht, puis à nouveau au moment de l’élargissement à l’Est, ont largement amputé l’UE de son équipement politique dirigiste. Depuis, les fractions libérales de ses élites ont pu profiter du vide créé pour avancer leurs projets politiques, tandis que leurs adversaires principaux, faute d’avoir réinventé le dirigisme à l’échelle européenne, ne cessent de naviguer à vue. Cette hypothèse sera étayée en revisitant successivement la manière dont l’UE se gouverne autour du marché commun, des politiques qu’elle partage avec les Etats membres (la défense et la sécurité intérieure), et de deux domaines sans politique communautaire formalisée : le sport et la culture.