Auroville, archétype ou antonyme d’utopie ?

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Communauté à vocation spirituelle et universelle fondée il y a un peu plus d’un demi-siècle en Inde du Sud, Auroville incarne par excellence la complexité et les paradoxes des utopies du XXe siècle. Inscrite dans une cité qui a traduit ses idéaux en réalisations architecturales et esthétiques concrètes, attachée à une volonté de poursuivre son « programme » malgré les difficultés rencontrées, Auroville cristallise les espoirs et déceptions de ceux et celles qui réfléchissent à la pertinence du concept en ce tournant de millénaires. Mais plus qu’une discussion sur la notion d’utopie elle-même, appliquée à ce projet spirituel original dans son contenu (un mélange d’hindouisme et de scientisme) et dans sa forme, cet article entend surtout, conformément à l’approche anthropologique qui est retenue, réévaluer le terme sur la base de l’usage qu’en font les principaux concernés : les Auroviliens.

Auroville is a spiritual and universal community founded more than half a century ago in South India. The community epitomizes par excellence the complexity and the paradoxes of utopias in the 20th century. Embodied and embedded in a city that has translated its ideals into its architectural design and aesthetic norms, resolutely determined to adhere to its agenda despite the difficulties, Auroville crystallizes the hopes and the promises as well as the disillusions of those who consider the relevance of the concept (utopia) at the turn of millennia. More than a mere discussion of the very notion of utopia, when it applies to this genuine spiritual project (in form and content -a mix between Hinduism and Scientism) this paper, faithful to the anthropological perspective, aims mainly at reassessing the term as it is understood by those most immediately concerned: the Aurovilians.