Intellectuelle ou amoureuse ? Ariane, jeune fille russe de Claude Anet 

Résumé Fr

"Le terme « intellectuel » est né au dix-neuvième siècle avec l'Affaire Dreyfus. Il désignait alors les Dreyfusards, dont le romancier Emile Zola reste le symbole le plus célèbre. Puis son sens s'est élargi à tout écrivain aux idées progressistes qui s'engage dans la lutte politique et sociale. Accordé au féminin, ce mot devient synonyme de « bas-bleu », import anglais de la fin du dix-hui- tième siècle. « Intellectuelle » et « bas-bleu » sont utilisés pour désigner des femmes qui dédaignent l'aiguille, lui préfèrent la plume et ont plus de culture que l'oiselle moyenne. Cette soif de culture est perçue par les écrivains comme une menace pour la société en général et pour celle des gens de lettres en particulier. Les auteurs n'auront de cesse de mettre en scène ces péronnelles qui se piquent de littérature et d'art, devenant ainsi des monstres à lorgnons, genoux cagneux et pilosité galopante, bref, faisant fuir les doux prétendants et les hommes bien nés. Claude Anet (1868-1931), écrivain à succès des années 1920, narre dans Ariane, jeune fille russe (1920) la dérive d'une jeune fille qui se veut libre, aussi bien intellectuellement et sexuellement. Heureusement pour elle et pour les lecteurs et lectrices, Ariane rencontre, à l'Opéra de Moscou, Constantin Michel, qui se charge de lui faire oublier ses prétentions intellectuelles."