Quand "tout le monde" passe du spatial à l'humain. Evolution d'une locution pronominale (2): période du français pré-classique

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2013

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Catherine Schnedecker, « Quand "tout le monde" passe du spatial à l'humain. Evolution d'une locution pronominale (2): période du français pré-classique », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.4u5iio


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Tout le monde (désormais TLM) fait partie des formes spécialisées dans la référence à l’humain mais dont aussi bien le statut grammatical que le fonctionnement référentiel restent encore méconnus. Témoins les étiquettes diverses que lui attribuent les grammairiens telles que «pronom dit ‘de la totalité’», «indéfini occasionnel» (Grevisse) ou «accidentel» (Wilmet, 1997). Témoins aussi les paraphrases qui ramènent TLM à «tous» ou à «chacun» (cf. aussi le Petit Robert, 2008). Pourtant ce marqueur pose un certain nombre d’énigmes, qui expliquent peut-être ce flou grammatical. D’abord à la différence des pronoms réputés «indéfinis» et/ou quantificateurs renvoyant en français à la personne, qui ont majoritairement pour origine des déterminants et/ou des pronoms latins, voire des locutions verbales (n’importe/je ne sais qui/quoi), TLM se construit sur une base nominale (mundus) désignant à l’origine une entité matérielle non humaine et concrète puisqu’elle renvoyait à «un coffre … et spécialement le coffre dans lequel la mariée apportait son trousseau» (DHLF) , puis à la «toilette, parure féminine» . Par la suite, il aurait été choisi pour référer à l’univers, d’abord l’ensemble des corps peuplant le ciel, la voûte céleste en mouvement, pour se restreindre au sens de «monde terrestre, terre», pour renvoyer, par métonymie, aux habitants de la Terre, à l’humanité, l’idée de «personnes» étant attestée d’après le DHLF dès le 12ième siècle. D’où la question de savoir quand et comment se sont opérées ces diverses extensions vs restrictions sémantiques. Question qui oblige d’ailleurs à considérer conjointement les emplois de monde et de TLM, ce qui n’est fait que très rarement dans les ouvrages usuels.La seconde énigme tient au statut de TLM qu’on peut considérer au-jourd’hui comme une locution figée, ce qui n’a pas toujours été le cas. D’où la question aussi de savoir quand et comment s’est opéré le figementLa troisième énigme a trait au mode de saisie référentielle que marque TLM. Par ses origines en effet, il relève du massif hétérogène (cf. toilette féminine) alors qu’aujourd’hui il semble avoir acquis la valeur d’un collectif (ce qui suppose l’homogénéité des éléments de l’ensemble). Il est réputé indéfini malgré la présence du déterminant défini ; il est, enfin, considéré comme un quantificateur alors qu’il répond difficilement à une question en combien: Combien de personnes faut-il prévoir au colloque ? *Tout le mondeAutant de paradoxes qui appellent des éclaircissements et invitent égale-ment à resituer ces aspects dans l’évolution de la langue, de manière à déterminer les valeurs de TLM et à dater leur apparition/disparition dans l’histoire.C’est donc pour essayer de résoudre au moins en partie ces énigmes que nous avons entrepris l’étude de TLM depuis les premières apparitions que permettent les bases de données (i.e. la base du français médiéval1, le DMF et Frantext) jusqu’en 2008, dont nous ne présenterons que la partie allant de l’ancien français au français pré-classique, que nous limitons, suivant les indications de Combettes, de 1550 à 1630. Notre présentation se déroulera en cinq temps. Pour commencer, nous rappellerons très brièvement les résultats obtenus pour l’Afr. et le Mfr . Puis, nous ferons l’inventaire des données collectées pour la période qui nous intéresse. A partir de là, nous montrerons qu’à ce stade de son évolution, TLM est déjà une locution pronominale. Puis nous ferons le départ, appuyé sur des critères formels, entre les emplois /-hum/ vs /+hum/ de TLM pour aborder ensuite les facteurs syntaxiques et sémantiques qui ont poussé la locution vers l’expression de l’humain.

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