24 novembre 2022
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Georges Macaire Eyenga et al., « Être sans-papiers chez soi ? Les mésaventures de l’encartement biométrique au Cameroun », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10.3917/crii.097.0116
Les crises d’identification des sociétés postcoloniales ne portent pas toujours sur la définition de l’étranger, du marginal ou du passant. Elles ne renvoient pas non plus aux luttes ethniques ou aux expériences subjectives de définition de soi. En revanche, elles sont souvent le résultat de problèmes techniques et structurels, de politiques publiques étriquées et d’expérimentations technologiques hasardeuses comme l’atteste le projet d’identification biométrique au Cameroun. En effet, le lancement d’un programme de fabrication de nouvelles cartes d’identité biométriques a eu pour résultat que beaucoup de nationaux sont devenus des « sans-papiers » dans leur propre pays. La crise d’identité civile qui s’est ensuivie est due autant à l’échec du projet de modernisation de l’État qu’aux pratiques individuelles oscillant entre manipulations des identités et non-retrait des documents produits. Face au déficit de reconnaissance des individus, les dépossédés identitaires se mobilisent pour défendre leur droit à l’identité civile.