2015
Cairn
Chantal Lheureux-Davidse, « L'étonnement partagé face à des événements sensoriels avec des personnes autistes », Cliniques méditerranéennes, ID : 10670/1.4vuqcm
Dans la rencontre avec une personne autiste qui exprime peu ses vécus internes et qui n’initie pas le lien la plupart du temps, l’a priori que certains événements de ses vécus sensoriels pourraient devenir partageables par l’attention du thérapeute, par son imitation ou ses commentaires, favorise chez le thérapeute une identification à la personne autiste dans un étonnement partagé. Cet espace potentiel de rencontre rend le thérapeute plus attentif aux éprouvés internes, sensoriels et émotionnels, aux mouvements et aux changements, et aux qualités sensorielles et esthétiques qui intéressent la personne autiste. Le partage des événements sensoriels et émotionnels à partir de l’impact qu’ils suscitent les rend représentables quand le thérapeute se laisse surprendre par cet impact. En témoignant de cet étonnement partagé, le thérapeute occupe provisoirement une place de double identifiant qui provoque chez la personne autiste une jubilation de se sentir exister, à la source de laquelle une relance spontanée du lien peut s’établir. Ces mouvements sont à la base de l’établissement d’une intersubjectivité et d’une cocréativité dans la rencontre. Les moments spontanés de rencontres sur cette base d’expérience cocréée favorisent de façon singulière un remantèlement sensoriel et rendent réversible de façon plus souple le processus de déliaison et de clivage.