12 février 2022
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Alexandra Peralta, « La notion de voluntas chez Lucrèce : du mouvement volontaire à l’action délibérée », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.4x9qp3
Dans cette thèse, je me propose d’examiner le sens et la portée de la notion de voluntas chez le poète épicurien Lucrèce. Pour ce faire, j’emploie deux types d’approches : l’un proprement historique et critique, l’autre interprétatif. C’est ainsi que dans la première partie de ce travail, il est question de l’analyse sémantique du terme voluntas à l’époque du poète, premier siècle avant J.-C. Il s’agit d’un travail historique et philologique qui est complété ensuite par une critique des sources, antiques et modernes, sur le rapport supposé entre la voluntas et le clinamen des atomes. Le résultat de cette première analyse m’a permis de constater que, d’une part, la voluntas consiste en un mouvement des atomes de l’esprit et, de l’autre, que la signification de ce terme a néanmoins varié dans les différentes interprétations, notamment contemporaines. Dans la seconde partie de ma recherche, je me propose de vérifier l’hypothèse suivante : la voluntas en tant que mouvement volontaire des atomes de l’esprit constitue un concept qui s’articule aux trois registres présents dans le poème lucrétien : la philosophie naturelle, la psychophysiologie et la psychologie morale. Concernant le premier domaine, j’analyse la notion de sponte sua ou spontanéité naturelle, concept central de l’exposé lucrétien, afin de montrer que la voluntas est une espèce de cette spontanéité. Pour le dire autrement, la capacité des animaux de maîtriser leur mouvement est l’expression d’un type de causalité naturelle qui se distingue bien de la nécessité et du hasard. L’étude des conditions psychophysiologiques de réalisation de la voluntas est l’objet du deuxième chapitre. Dans le dernier chapitre, j’analyse la notion de consilium, afin de proposer qu’elle désigne l’opération rationnelle de l’âme permettant la délibération et ainsi, l’accomplissement d’actions proprement rationnelles. Ainsi comprise, la voluntas aide à saisir autrement la fameuse polémique sur le clinamen, car son intervention n’est pas nécessaire pour comprendre le processus de mouvement animal. La liberté dont nous jouissons est une liberté de mouvement et, pour les humains, une liberté d’agir intentionnellement.