2023
http://hal.archives-ouvertes.fr/licences/etalab/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Romana Blaser et al., « De terre, de bois et de pierre, une architecture « invisible » du Néolithique moyen dans la vallée de l’Oise: Les bâtiments du site de L’Isle-Adam (Val-d’Oise) », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.50ad96...
Dans le Bassin parisien, les bâtiments recensés pour le Néolithique moyen sont encore très peu nombreux. Ils sont matérialisés par des plans rectangulaires, délimités par des trous de poteau. Sur le plan architectural, des structures en creux matérialisent des travées centrales de poteaux faîtiers. En revanche, hormis le bois, les matériaux et procédés techniques de la construction restent mal documentés.Les problèmes de conservation liés en particulier aux phénomènes d’érosion postdépositionnels en sont évidemment une des principales causes, que les sites soient établis sur plateau ou en plaine alluviale. Mais une autre raison importante tient aux difficultés de lecture des sols d’occupation. Cela est le cas pour les sites implantés dans les contextes alluviaux, dont la stratigraphie s’avère particulièrement complexe.L’habitat néolithique moyen de L’Isle-Adam illustre cette complexité par sa position topographique. Il est installé en contrebas d’une butte, sur le bord d’une paléoberge. Les recherches archéologiques préventives ont conduit à la mise au jour de deux bâtiments contemporains, de plan globalement quadrangulaire, avec des sols d’occupation conservés et riches en mobilier. La démarche adoptée lors de la fouille a été celle d’un décapage fin, mécanique et manuel, de manière extensive, et un contrôle stratigraphique permanent. Cette approche a ainsi conjugué à la fois les méthodes conventionnelles de l’archéologie et de la géoarchéologie. Des bermes stratigraphiques ont été réservées systématiquement, l’une en bordure du bâtiment 1 et les autres dans les structures en creux. Elles ont permis de différencier les caractères morpho-sédimentaires des couches qui ont été des repères pour l’échantillonnage micromorphologique. Les études ont été menées au cours de la postfouille, selon la même démarche interdisciplinaire. Les données archéologiques et géoarchéologiques (micromorphologie, géomorphologie) et l’analyse de la distribution spatiale des vestiges et de leurs relations avec les structures en creux ont permis non seulement de comprendre les modalités d’installation des deux bâtiments mais également d’apporter des informations sur les matériaux et procédés de construction, de même que sur leur fonction. Ainsi, les séquences alluviales antérieures à l’occupation néolithique ont été tronquées par des travaux de terrassement préalables à la construction des bâtiments, comme le montrent les hiatus stratigraphiques. Cette surface a été ensuite stabilisée par un remblai structuré par le piétinement. L’architecture du bâtiment 1 se caractérise par l’absence de trous de poteau, mais elle comprend des vestiges architecturaux d’un mur en terre massive,supposés lors de la fouille et identifiés par la géoarchéologie. La terre à bâtir apparaît préparée à partir des déblais issus des terrassements, car composés de sédiments de nature différente (alluvions, sols alluviaux à divers degrés d’évolution pédologique et agrégats de sol brunifié, contemporains de l’occupation néolithique). Le sol intérieur est formé d’un radier, constitué d’un empierrement de petits blocs de calcaires et de grès, de rognons de silex et de galets, recouvert par une chape de terre crue. Le second bâtiment se distingue par une travée faîtière centrale matérialisée par des fosses oblongues comportant des négatifs de poteau, avec des calages en pierre. Les matériaux de construction employés sont diversifiés : bois de chêne, pierre, torchis, terre massive. Les matériaux en terre ont été identifiés sous forme de débris dans le remplissage des fosses. L’ossature du bâtiment est datée de 4045-3811 cal. BC(sur charbon). La transformation des ressources végétales est attestée au sein du bâtiment 1, comme la présence de structures de combustion. La fonction des bâtiments reste difficile à préciser.