Des jeunes à distance de l'État : les effets de la crise épidémique

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14 février 2022

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Marion Maudet et al., « Des jeunes à distance de l'État : les effets de la crise épidémique », HAL-SHS : sociologie, ID : 10.3917/scpo.amsel.2022.01.0085


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Résumé Fr

Durant la crise épidémique de Covid-19, les jeunes sont souvent apparus comme les grands oubliés du gouvernement qui, en voulant protéger la santé des anciens et préserver la croissance économique, les aurait sacrifiés. De fait, les mesures adoptées ont accentué les vulnérabilités sociales, relationnelles et les difficultés matérielles de celles et ceux qui ont entre 18 et 29 ans 3 , et l'État a tardé à prendre en compte certaines des difficultés spécifiques à la jeunesse (Chevalier et Loncle, 2021). En dépit de propositions leur étant spécifiquement destinées, à l'instar du plan « 1 jeune, 1 solution 4 » censé favoriser leur insertion professionnelle, les jeunes ont été particulièrement touchés et fragilisés par la pandémie (Duvoux et Lelièvre, 2021). L'objectif de cette contribution est de montrer dans quelle mesure les politiques de santé publique adoptées dans le sillage du confinement et du couvre-feu pour juguler la crise épidémique pèsent sur le rapport des jeunes aux institutions étatiques 5. Plusieurs travaux ont montré que les jeunes votent peu (Muxel, 2018 ; Tiberj, 2018), mais s'engagent de manière concrète sur des « problèmes nouveaux » (Amsellem-Mainguy et Vuattoux, 2018, p. 65). L'implication dans des causes telles que la défense du climat ou dans des formes alternatives de vie sociale se traduit par un activisme qui met davantage à distance les institutions étatiques et politiques (Pleyers, 2016). Avant même la crise épidémique, leur rapport à l'égard de ces institutions était déjà plus lâche que celui de leurs aînés (Tiberj, 2017), avec toutefois des différences fortes selon les pays (Papuchon, 2020), le statut d'emploi et le niveau de diplôme (Chevalier, 2018). Par rapport à la situation dans d'autres pays européens, les jeunes en France manifestaient déjà, avant le déclenchement de l'épidémie, un niveau de défiance à l'égard des institutions étatiques relativement élevé, comparativement à celui des mêmes classes d'âge dans les pays scandinaves (Chevalier, 2019). Leur rapport à l'État se construit d'abord, pour beaucoup, comme un rapport à l'institution scolaire (Barrault et al., 2020), mais en période de pandémie s'y ajoutent d'autres considérations qui découlent des mesures adoptées par les pouvoirs publics au nom de l'urgence sanitaire. Les variations peuvent être importantes selon le niveau de richesse (revenu et patrimoine) du foyer auquel les jeunes appartiennent et selon leur situation par rapport à l'emploi et aux études. En plus d'avoir fragilisé les trajectoires professionnelles et les perspectives de promotion et de mobilité (Collet, Giraud et Steinmetz, 2021 ; Lambert et al., 2020), la pandémie a aussi fortement affecté les conditions de vie et de travail des étudiants (Bès et Demonsant, 2021). L'enjeu ici est d'appréhender leur rapport aux institutions étatiques en considérant, ensemble et conjointement, les inégalités inter-et intragénérationnelles (Peugny et Van de Velde, 2013), sans se limiter à la mise en lumière d'un « effet cicatrice » pour cette génération (Peugny, 2020). Ce sont les clivages entre générations mais aussi les fractures internes au monde de la jeunesse qu'on voudrait explorer, à partir

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