2005
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Patrice Brun et al., « L’âge du Bronze dans la vallée de l’Aisne », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques (documents), ID : 10670/1.50dfb7...
La vallée de l’Aisne fait l’objet d’un programme de recherche archéologique mêlant les opérations préventives et programmées. Cette concentration de moyens de recherche sur une zone de 70 × 10 km a permis de réunir la documentation sans doute la plus fournie et la plus étalée dans le temps du Bassin parisien pour la Protohistoire. Nous présentons ici l’état de la documentation de l’âge du Bronze et de nos réflexions sur la chronologie, l’attribution stylistique ou culturelle et l’organisation sociale dans sa dynamique évolutive. Le cadre méthodologique est d’abord défini, en soulignant qu’une configuration géomorphologique trop singulière – la basse terrasse alluviale – se trouve privilégiée par les opérations préventives, même si des opérations programmées et des prospections ont été conduites sur les plaines et plateaux environnants. La chronologie est ensuite abordée. La principale nouveauté est venue de l’établissement d’Osly-Courtil. La céramique, tout en se classant dans le Ha B2/3 est antérieure à celle des établissements de la même étape connus jusqu’à présent, et se distingue bien de celle du groupe des Ardennes. D’autre part, à l’intérieur des sites de ce groupe culturel, celui de Menneville se montre en partie différent. De la sorte, deux hypothèses sont plausibles : Osly-Courtil illustre une subdivision ancienne du Ha B2/3 et Menneville l’horizon de Gündlingen, les autres établissements s’intercalant entre les deux dans le courant du IXe siècle av. J.-C. Osly-Courtil correspond au début du Ha B2/3, Bucy-le-Long et Limé à un Ha B2/3 plus récent, puis Berry-au-Bac à l’horizon Gündlingen, enfin Menneville au Hallstatt C traditionnel à épée de type de Mindelheim. En termes d’attribution culturelle, les documents du Bronze A, B et C appartiennent au complexe atlantique. Le Br D-Ha Al reste énigmatique. Au Ha A2-B1, la zone bascule dans la sphère du complexe nord-alpin avec la culture Rhin-Suisse-France orientale. Au début du Ha B2/3, notre secteur connaît la même modification stylistique que tout le nord-est français. Le nouveau style n’est qu’une accélération évolutive de la culture Rhin-Suisse-France orientale. La nouveauté, révélée par le site d’Osly-Courtil, est qu’il faut attendre soit une étape évoluée du Ha B2/3, soit l’horizon Gündlingen, pour que cet ensemble encore vaste se fragmente et qu’émerge le groupe des Ardennes. À propos de l’organisation sociale, il est rappelé que l’occupation de l’espace régional s’organise en réseaux de petits établissements dispersés et de durée générationnelle ou bigénérationnelle. Cette nouvelle perspective invite à élaborer une typologie fonctionnelle des sites domestiques et des sites funéraires en trois catégories : les petits, les moyens et les grands. 100 % des sites funéraires du Br A, B et C sont petits. Ils ne sont plus que 50 % au Ha A2-B 1, à côté de 50 % de moyens. Ils sont encore 50 % au Ha B2/3-C, à côté de 42 % de moyens et 8 % s’inscrivant dans les grands. L’étude des proportions d’établissements donne des résultats analogues : 100 % de petits au Br A, B et C ; 83 % de petits et 17 % de moyens au Ha A2-B1 ; 62 % de petits, 25 % de moyens et 13 % de grands au Ha B2/3-C. Nous soulignons enfin que nous n’avons pas encore les moyens de mettre en évidence l’échelle et le niveau d’intégration politique ; difficulté méthodologique et théorique majeure, car, au moins à partir du Bronze final, la plupart des sociétés européennes se trouvaient probablement organisées en chefferies simples de 25 à 30 km de rayon ; seule une fenêtre d’observation d’environ 120 × 120 km permettrait par conséquent la saisie de ces entités essentielles pour comprendre le mode d’organisation politique des sociétés protohistoriques.