7 juin 2021
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Luca Di Rocco, « Les perceptions militaires françaises de l’engagement chinois dans la guerre de Corée », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.5115fg
Le 19 octobre 2020, la RPC célébra les 70 ans du début de la participation du CVC à « la guerre de résistance à l'agression américaine et pour aider la Corée ». Celui-ci est engagé officiellement du 25 octobre 1950 jusqu'à l'armistice de Panmunjeon le 27 juillet 1953. Les dernières troupes chinoises quittent définitivement la Corée du Nord le 28 octobre 1958. L'historiographie a pendant longtemps laissé de coté l'intervention de la RPC pendant la guerre de Corée, notamment à cause de l'incapacité à accéder aux archives chinoises mais également à cause d'un certain désintérêt pour la guerre de Corée en général, notamment aux États-Unis mais aussi en Chine. Les travaux en la matière restent peu nombreux en France. La France s'est pourtant impliquée dans ce conflit. Si l'on retient souvent l'envoi du BF/ONU qui s'est illustré aux cotés des forces américaines, l'effort en matière de renseignement, moins connu, s'est avéré très important proportionnellement à l'importance apparente du conflit pour la France. Si la quantité des renseignements obtenue par les Français sur l'APL en Corée, que ce soit par le biais du BF/ONU ou des services de renseignements, reste limitée, la valeur de ces derniers est très précieuse pour les Américains qui n'ont presque aucune information sur les forces chinoises lorsque celles-ci pénètrent en Corée. Les renseignements français sont aussi appréciés pour leur fiabilité. Ainsi, la France se retrouve autant impliquée dans la guerre de Corée que les États-Unis en matière de renseignement, en particulier sur les forces chinoises. Pour la France, le principal intérêt de cette coopération est d'inciter les États-Unis à soutenir l’effort de guerre en Indochine. En effet, pour la France, les guerres de Corée et d'Indochine sont liées dans la mesure où elles s'inscrivent dans le cadre de la guerre froide en Asie orientale. Les connaissances obtenues par les Français sur l'APL tout au long de la guerre de Corée permettent alors de voir l'évolution de cette armée, qui était encore une armée révolutionnaire en octobre 1950, en une armée moderne capable de faire douter l'US Army. Si dès le début de son engagement, les qualités de l'APL au niveau du commandement et des tactiques apparaissent comme indéniables, les services de renseignements français perçoivent aussi ses limites au niveau du matériel et de la logistique. À travers l'étude de documents militaires et diplomatiques sur les forces chinoises en Corée, ce mémoire met ainsi en valeur le fait que si la France s'est impliquée dans la guerre de Corée et a rassemblée une quantité de renseignements non négligeables sur l'APL, c'est précisément parce que la France craignait que ce qui s'est produit en octobre 1950 en Corée puisse se reproduire en Indochine. Enfin, à travers des sources inédites, ce mémoire s'intéresse à la guerre de Corée sous un angle rarement abordé. En effet, si l'engagement chinois en Corée est très peu étudié en France mais l'est à l'étranger, les perceptions françaises de cet engagement, en particulier les perceptions militaires, restent un angle mort.