1 juillet 2024
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Stefanie Baumgartner, « Des normes sociales et la confiance à autrui parmi des réfugiés et natifs suisses : Une approche d’économie comportementale », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.513b3e...
La participation au marché du travail est considérée comme l’un des aspects les plus fondamentaux du processus d’intégration des réfugiés dans la société d’accueil. Cependant, la recherche sur les facteurs de chômage des réfugiés dans les pays occidentaux à haute revenu par tête est encore relativement limitée et jusqu’à présent, elle a négligé les rôles des normes sociales et de la confiance généralisée. Le 1ier chapitre de cette thèse s'appuie sur des expériences pour traiter des différences et des incompréhensions potentielles de normes socio-culturelles au milieu du travail entre réfugiés turcs et afghans et les natifs suisses. Nos résultats suggèrent que des différences de normes entre les réfugiés et les autochtones existent, mais qu'elles ne sont pas très nombreuses et qu'elles sont souvent de faible ampleur. En générale, les réfugiés ne comprennent pas moins bien les normes sociales du pays d’accueil que les Suisses et intériorisent les normes du pays d'accueil d’autant mieux qu’ils sont depuis longtemps en Suisse. On observe également que la conformité normative est motivée par le souhait des réfugiés d'être acceptés par la société d’accueil car leurs normes personnelles déclarées ont été influencées par leur intention de donner une réponse qu’ils pensent être socialement souhaitable. Cela permet de conclure que les réfugiés se soucient de se conformer aux normes du pays d'accueil et d'appartenir à la société d'accueil, ce qui contraste avec les récits populistes. Le 2ième chapitre étudie par un essai randomisé si la différence de normes sociales entre le groupe ayant la même origine que les réfugiés et les Suisses influence les normes personnelles des réfugiés. Nous émettons l'hypothèse que les réfugiés peuvent se sentir déchirés entre deux forces opposées : 1) le désir d'être cohérent avec les normes sociales de leur pays d'origine étroitement liées à leur identité sociale, et 2) l'inclination à se conformer aux normes sociales locales prédominantes au sein de la société majoritaire du pays hôte. Conformément à la littérature sur l'identité de groupe, le fait d’être mis au courant de l'existence de normes sociales contradictoires dans le pays d'origine et le pays d'accueil et d'être conscients que leur norme serait observée par un groupe de compatriotes (sans que leur identité soient révélée) a conduit les participants turcs à rapporter une norme personnelle plus proche de la norme sociale de leur groupe national que de celle des Suisses. Étonnamment, les réfugiés afghans informés des normes sociales du pays d'origine et du pays d'accueil ont déclaré une norme personnelle plus proche de la norme sociale suisse, une fois qu’ils ont été informés que leur opinion serait révélée à leurs compatriotes. Nous déduisons de ces résultats que le contexte social joue un rôle essentiel pour l’expression des normes personnelles. Le 3ième chapitre étudie la confiance généralisée, qui s’avère être importante pour expliquer le degré de coopération. En utilisant un jeu de confiance, nous cherchons à étudier si les informations fournies sur le niveau de confiance de leurs compatriotes et le fait de savoir que leur comportement de confiance est observé par leurs compatriotes influencent l'inclination des réfugiés à faire confiance à autrui. De fournir des informations sur le comportement de confiance des participants du pays d'origine et du pays d'accueil a amené les réfugiés turcs à ajuster leur niveau de confiance pour qu'il soit plus proche de celui des Suisses. D’être observés par leurs compatriotes a affaibli cet effet d'ajustement sur leur comportement de confiance. D’être informés des niveaux de confiance de leurs compatriotes et du pays d'accueil n'a pas affecté les choix de confiance des participants afghans.