1 novembre 2021
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Mireille Berton, « Regard sur la folie (Mario Ruspoli, 1962) (extrait d'un article publié dans Décadrages n°18, 2011) », Serveur académique Lausannois, ID : 10670/1.51plkf
Souvent perçu comme un discours édifiant sur l’horreur de la folie, le film de Ruspoli doit être avant tout appréhendé dans le contexte de la psychiatrie institutionnelle (mieux connue, dès mai 1968, sous le nom d’anti-psychiatrie) qui lutte, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour le désenclavement de la logique asilaire classique. Ce mouvement psychiatrique s’engage alors, sur la base de courants de pensée issus du surréalisme, du marxisme et de la psychanalyse, contre l’exclusion et l’avilissement des fous. En consonance parfaite avec cette psychiatrie politisée, Regard sur la folie met en œuvre sur le plan cinématographique certaines des valeurs prônées par une approche humaniste du fou, dont celle de la fluidité et de la créativité de la parole comme lieu d’une « vérité » à écouter. Situé au cœur d’un réseau intellectuel, humain et artistique extrêmement dense, ce film, tourné à Saint-Alban avec la collaboration des psychiatres de l’hôpital, doit être considéré comme la trace historique d’une conjonction entre deux champs – le cinéma direct et la psychiatrie institutionnelle – qui partagent une sensibilité commune de la folie inaugurée dans l’orbite surréaliste. Cet article se propose de restituer l’histoire de cette conjonction, avec comme fil rouge l’hypothèse d’une dimension « surréalisante » du film sur laquelle l’historiographie du cinéma direct semble avoir fait l’impasse.