2010
Cairn
Joanny Moulin, « Reflections on the Life of Samuel Taylor Coleridge », Études anglaises, ID : 10670/1.51zdu1
L’histoire de la vie de Coleridge n’a que fort peu favorisé la réception de son œuvre, de son vivant comme aux yeux de la postérité. Trop souvent, ceux qui écrivent sur Coleridge cèdent à la tentation de dénigrer son caractère, puis tombent dans le regrettable travers d’une certaine condescendance, aussi infime soit-elle, à l’égard de ce qu’il a accompli. Cet article ne prétend pas être hagiographique, et encore moins entreprendre une défense évidemment superflue de Coleridge. Certes, l’homme n’était pas sans défauts. Mais Biographia Literaria fut à bien des égards une tentative réussie de se sauver par la littérature. Le génie particulier de Coleridge était avant tout d’une nature oratoire, qui devait beaucoup à la tradition britannique des prédicateurs laïques dissidents. Sa principale contribution à la littérature, outre un certain nombre de grands poèmes canoniques composés avec le talent éclairé d’un amateur au plus noble sens du terme, ne fut pas simplement une vulgarisation de la philosophie idéaliste allemande, mais consista délibérément en une réconciliation idéologique de la philosophie avec la religion, qui exerça une influence décisive sur l’histoire des idées.