Dialectique ou contrôle : critique freitagienne de la gouvernementalité algorithmique et de l'économie numérique

Résumé 0

Notre principal objectif est de montrer l’actualité de la théorie sociologique de Michel Freitag, laquelle permet d’analyser la progression des plateformes du numérique et leur traitement massif des données prélevées sur les individus. Notre hypothèse principale renvoie à l’hypothèse freitagienne d’une sortie de la modernité par l’avènement du mode de reproduction décisionnel-opérationnel, qui est en voie d’être confirmé par la mise en place d’une nouvelle gouvernance algorithmique, inhérente au mode de fonctionnement des plateformes. Dans le premier chapitre, nous verrons que plusieurs travaux de chercheurs.euses actuels.lles étudiant les conséquences sociales et politiques de l’utilisation des Big Data rejoignent la thèse freitagienne du passage du pouvoir au contrôle dans la régulation des rapports sociaux. En effet, le traitement algorithmique des données prélevées dans l’environnement social permet l’optimisation des processus de prise de décision et induit par le fait même une forme de contrôle automatisé des rapports sociaux au sein des médias socionumériques. Dans le deuxième chapitre, nous ferons la genèse de la plateforme comme forme organisationnelle typique du capitalisme avancé. Dans le troisième et dernier chapitre, nous analyserons les transformations qui ont cours du point de vue du mode d’accumulation capitaliste dans le contexte de l’essor de l’économie numérique. Les concepts de mode de reproduction décisionnel-opérationnel et de contrôle théorisés par Michel Freitag partagent une parenté avec le cadre théorique de l’économie institutionnaliste américaine et permettent de rendre compte de la dimension proprement politique de l’accumulation dans le contexte des Big Data. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Michel Freitag, pouvoir, contrôle, modernité, potmodernité, théorie de la valeur-travail, plateforme, Big Data, gouvernance algorithmique, financiarisation de l’économie, économie du savoir, rente