15 décembre 2024
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Amélie Laurent-Dehecq et al., « Tournoisis, le Château, la motte de Nids et ses abords (Loiret, Centre Val-de-Loire), rapport intermédiaire de prospection thématique pluri-annuelle (2023-2025), 2e campagne. », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.55a3b5...
Cette deuxième année de prospection thématique pluriannuelle (2023 – 2025) sur le site de la motte de Nids, au lieu-dit « le Château », a été consacrée à la poursuite de l’étude documentaire, des prospections géophysiques et pédestre ainsi qu’à un relevé photogrammétrique avec un drone de la motte.Entre 2002 et 2023, les prospections géophysiques ont mesuré les propriétés magnétiques et électriques en surface (1 m de profondeur) et aussi suivant des profils (10 m de profondeur).Ces méthodes ont mis en évidence en surface un réseau de fossés au nord et autour de la butte composant de possible enclos. Un fossé large d’environ 8 m est situé directement au contrebas de la motte. Il est visible encore aujourd’hui sur les parties orientale, méridionale et occidentale tandis qu’il est rebouché et mis en évidence par la géophysique sur sa partie septentrionale. Sur la motte, un système de fossés/talus apparaît sur le pourtour et de possibles empierrements apparaissent, notamment au nord de la plateforme. Un front de taille prend place également sur le flanc nord et est peut-être associé au rebouchage du grand fossé durant le XXe s. Des fossés circulaires dans l’angle sud-ouest ne sont révélés que par les mesures magnétiques et circonscrivent l’espace le plus élevé en altimétrie. D’un point de vue stratigraphique, il semble que la motte ait été édifiée depuis le nord-est vers le sud-ouest mobilisant des sédiments de différentes natures qu’il reste à caractériser finement (calcaire, argile, empierrement…)En 2024, une méthode électromagnétique a été employée : les données sont en cours d’analyse. Parallèlement, à cette dernière prospection géophysique, une prospection géotechnique au PANDA® a été faite pour contrôler des anomalies et estimer l’épaisseur du dépôt archéologique. L’étude est en cours, notamment parce qu’il reste à finir l’acquisition de nouveaux sondages envisagés en 2025. Un premier examen permet de poser des hypothèses sur le positionnement du toit du substrat calcaire. Le fossé défensif associé à la motte pourrait atteindre une profondeur de 4,7 m. Sur la motte, l’épaisseur du dépôt archéologique est estimée entre 1,25 (en bas des flancs) et 6,10 m.Le croisement de toutes ces méthodes permettra, d’une part de mieux caractériser le gisement archéologique en 3 dimensions, et, d’autre part, d’apporter une réflexion méthodologique sur la complémentarité des méthodes et l’échelle d’analyse des mesures.En outre, le relevé photogrammétrique embarqué avec drone permet de préciser la topographie de la motte. La hauteur de la motte est conservée entre 2 m et 3,85 m.La prospection pédestre a été réalisée sur la totalité de la parcelle cultivée durant l’hiver 2023-2024. Le mobilier a été étudié en 2024. Au total, 6389 objets répartis en 1565 lots (iso) ont été collectés (95 kg). De nombreux restes de céramiques et de terres cuites architecturale, des fragments de calcaire brûlés, d’ardoise, de silex taillés et de faune ainsi qu’une cinquante d’objets (métal, verre, scorie) ont été collectés. La céramique est majoritairement datée de la période antique (53,5% du NR) et du Moyen-Age central (28,3% du NR). Les terres cuites architecturales sont très majoritairement attribuées à l’Antiquité (96,6%). La fragmentation très importante et le mauvais état de conservation de ces mobiliers attestent que les éléments sont en position secondaire et fortement remaniés en lien avec les labours pratiqués sur la partie cultivée. Quelques objets métalliques et de verre sont datés plutôt des périodes moderne et contemporaine.Les différents types de mobilier se répartissent sur l’ensemble de la parcelle étudiée. Des concentrations de mobilier daté de la période antique ont été mises en évidence :- au nord de la motte, à l’emplacement des enclos définis par la prospection géophysique dans un rayon de 40 m depuis la limite septentrionale de la motte.- directement au sud de l’angle sud-est de la motte, dans un rayon de 30 m depuis la limite méridionale de la motte.La quantité importante de céramiques et de terres cuites architecturales datées de cette période permet de présumer la présence d’un site antique à cet emplacement. Cette hypothèse corrobore avec les découvertes anciennes liées à des fouilles sur la motte et ses abords de la fin du XIXe s. attestant de la présence de mobilier antique et d’éléments de construction attribuées à cette période.La céramique de la période médiévale, majoritairement datée des XIe-XIIIe s. est localisée plutôt au nord de la motte, également à l’emplacement des enclos interprétés grâce à la prospection géophysique. Cette période concorde avec la chronologie des édifications des mottes castrales dans la région et à la possible occupation de la motte de Nids, peut-être de façon éphémère, d’après l’étude documentaire (XIe – début XIIe s.)Toute prudence gardée, l’hypothèse est posée sur la présence d’une occupation antique associée à tout ou partie des enclos (établissement rural ?) recouverte en partie par une occupation médiévale (motte et une basse-cour ?).