Dévoiler ses blessures morales : émotions et représentation de soi chez Cicéron et ses correspondants durant la guerre civile (46-45 avant J.-C.)

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Résumé : L’article porte sur la correspondance de Cicéron dans les années 46-45 avant notre ère et sur les traités philosophiques contemporains, en se concentrant sur les lettres consacrées à la mort de Tullia. Le thème de la douleur inconsolable permet à Cicéron de penser et d’illustrer sa propre position dans l’État : l’exhibition de cette blessure affective est le signe d’une dignité depuis longtemps mise en cause. Mais ces textes sont aussi, plus qu’on n’a voulu l’admettre jusqu’à présent, des réflexions de nature politique prenant pour point de départ un examen des affects de la communauté et des hommes politiques qui l’incarnent. La difficulté pour Cicéron à parvenir au bout du processus de son deuil singulier devient une illustration du fait que, à l’échelle collective, la cité est malade de ses passions.

: The article examines Cicero’s correspondence in the years 46-45 BC and contemporary philosophical treatises, focusing on the letters dedicated to Tullia’s death. The theme of inconsolable grief allows Cicero to think about and illustrate his own position in the Roman state: the exhibition of this emotional wound signifies a dignity that has long been jeopardized. But these texts are also, more than has been admitted until now, reflections of a political nature, taking as their starting point an examination of the affects of the community and the politicians who embody it. Cicero’s difficulty in completing the process of his singular mourning becomes an illustration of the fact that, on a collective scale, the city is sick with its passions.

Resumen: El artículo examina la correspondencia de Cicerón en los años 46-4 a.C. y los tratados filosóficos contemporáneos, centrándose en las cartas dedicadas a la muerte de Tulia. El tema del dolor inconsolable permite a Cicerón reflexionar e ilustrar su propia posición en el Estado: la exhibición de esta herida emocional es signo de una dignidad largamente cuestionada. Pero estos textos son también, más de lo que se ha admitido hasta ahora, reflexiones de carácter político, que toman como punto de partida un examen de los afectos de la comunidad y de los políticos que la encarnan. La dificultad de Cicerón para completar el proceso de su duelo singular se convierte en una ilustración del hecho de que, a escala colectiva, la ciudad está enferma de sus pasiones.