Lyotard et la petite vérité ou ce que nous ne voulons pas perdre

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2021

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Bien plus qu’une position relativiste ou nihiliste, on reproche parfois aujourd’hui à Lyotard d’avoir fait le lit de la « post-vérité » par la promotion de la multiplicité de jeux de langage sans au-delà et sans principes généraux de validation. Par un raccourci stupéfiant, on y lit l’affirmation que les discours sont tous également légitimes et ne doivent posséder comme autre principe de validation que le fait d’avoir été proférés. Si l’accusation d’un Lyotard inspirateur d’une forme de « post-vérité » nous semble infondée, c’est que la pensée et la parole s’attachent toujours pour lui à « quelque chose » dont il faut avoir le souci ou qu’il faut chercher à entendre. Lyotard nous semble moins soucieux de relativiser ou, comme on l’en accuse aujourd’hui, d’abandonner l’exigence de vérité que de montrer, d’une part, que celle-ci peut se dire en plusieurs sens, et, d’autre part, qu’on ne vient pas à bout de cette dernière aux moyens de ce qu’il nomme « le discours ». Que ce soit par la pensée, la parole, la création ou l’action, on s’attache toujours à « quelque chose » dont on a souci, et la promotion de la multiplicité dans le champ de la vérité vise non à s’affranchir du vrai mais à se montrer à sa hauteur par un élargissement des perspectives qui ne le cantonne pas à un seul genre de lieu.

Rather than for his alleged relativistic or nihilistic position, Lyotard is now sometimes criticized for having planted the seeds of « post-truth » by promoting the diversity of language games without going further and without providing general principles of validation. In a very simplistic way, it is asserted that all kinds of speech are equally legitimate and should have no other principle of validation than their being uttered. If charges against Lyotard of inspiring a form of « post-truth » appear in my view unjustified, it is because for him thought and speech are always tied to « something » for which we must be concerned or that we must try to grasp. Lyotard seems less anxious to relativize or, as he is accused of today, to abandon the requirement of truth than to show, on the one hand, that truth can be said in several senses, and, on the other hand, that it cannot be overcome by means of what he calls « speech ». Whether by thought, word, creation or action, one always clings to « something » for which one is concerned, and the promotion of diversity in the field of truth is not aimed at escaping from the truth but at rising to the challenge by a widening of perspectives, which does not confine it to a single kind of place.

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