2023
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Aleksandra Wojda, « L'ère du gramophone : révolution 78 », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.572112...
L'apparition du son enregistré dans le paysage sonore constitue certainement l'un des événements distinctifs de la modernité sonore qui conquiert successivement les territoires de la Deuxième République de Pologne à l'époque de l'entre-deux-guerres. Innovation sans précédent dans l'histoire culturelle de la sonosphère, la technique de l'enregistrement qui permet de détacher l'espace-temps de la production sonore de celui de sa perception offre une expérience inouïe à tous ceux pour qui les ondes perceptibles par l'oreille semblaient contraintes à ne jamais pouvoir s'éloigner de ce qui jusque-là paraissait constituer leur « source ». Que l'invention du phonographe revienne à Thomas Edison ou à Charles Cros, la création dans les années 1870 du XIX e siècle d'une machine capable de fixer des sons pour permettre de les reproduire partout ailleurs et ceci bien après leur émission, apparaissait alors à certains comme une forme d'accomplissement du grand rêve d'immortalité nourri par l'Homme grâce aux technologies modernes. Rien d'étonnant que Jules Verne se soit emparé de ce thème pour en faire la clef d'un mystère prétendument fantastique que son roman situe dans un château des Carpates dans l'oeuvre éponyme (1892) : ici, la voix d'une chanteuse décédée semble ressusciter pour réapparaître, telle une ombre, devant son amant, avant que l'on découvre que celui-ci dispose simplement de cet étonnant appareil lui permettant de faire ressurgir le chant de celle qui n'est plus. Pourquoi, comment, dans quel objectif interroger ces transformations de la sonosphère aujourd'hui ?