11 mai 2020
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Davide Passerini, « Les Anjou-Durazzo de Naples : le pouvoir et sa représentation », Theses.fr, ID : 10670/1.57df07...
Cette thèse de doctorat a pour objet l’étude de la dynastie Anjou-Durazzo, et aborde plus spécifiquement l’angle de la construction de la légitimation du pouvoir et du consensus autour du souverain. La perspective choisie découle de la prise de conscience des défis liés à la légitimation et au consensus du pouvoir devenus peut-être encore plus pressants de nos jours, alors que la crise économique, les phénomènes migratoires et l’actuelle pandémie déstabilisent les gouvernements, les institutions nationales et supranationales de l’Occident. La problématique de la légitimation et du consensus comme éléments fondateurs du pouvoir était déjà présente au Moyen Âge et comprendre les instruments politiques et symboliques utilisés par les Anjou-Durazzo, base de leur domination, est l’idée maîtresse de la thèse .Les textes ont été le premier champ d’étude pris en considération. Je me suis focalisé sur l’analyse de documents de la chancellerie des Anjou-Durazzo. J’ai mené une enquête en série sur les actes, en particulier sur le préambule ou harangue, considéré comme la partie rhétorique du document. Mon hypothèse a été que leur présentation sous forme répétitive donnait une représentation idéale du prince. J’ai analysé d’autres thématiques telles que les cérémonies royales, les ordres chevaleresques et l’héraldique. Les rituels monarchiques que j’ai pris en compte sont essentiellement les couronnements et funérailles, événements fondamentaux de la vie d’un royaume, auxquels les personnes participaient en plus grand nombre, où la communication symbolique avait une portée plus vaste pour manifester la pérennité de la royauté. Parmi les premiers actes de la dynastie, on retrouve celui de la fondation d’un ordre chevaleresque, qui avait son propre cérémonial, réservé à ses membres, mais aussi, identifiable à son habillement. Cette attention portée à la valeur communicative de l’appartenance à un clan est typique de l’héraldique. Pendant la domination des Anjou-Durazzo est apparue l’utilisation innovative des armoiries sur les façades des maisons nobles, où la présence des fleurs de lys et du blason tripartite de Hongrie, France et Jérusalem manifestait la fidélité à la dynastie. Le mécénat des Anjou-Durazzo aussi renvoie à la communication symbolique. Je ne me suis cependant pas limité à l’étude des œuvres commissionnées par la dynastie. Je les ai analysées en les mettant en lien avec les choix dévotionnels de cette branche de la dynastie angevine, à propos desquels on est renseigné par la localisation de leurs tombeaux. Cette recherche a été étendue à toute l’histoire des Anjou-Durazzo. La thèse analyse aussi les structures du pouvoir mis en place par les ordres royaux sur l’ensemble du territoire, au regard des réformes, réalisées ou tentées. Je suis convaincu que la « bureaucratie » participait à la représentation du pouvoir des Anjou-Durazzo, puisque les changements dans l’organisation et les pratiques de l’administration royale concourraient aux équilibres institutionnels. Cette analyse est précédée d’une histoire politique qui offre des approfondissements sur des événements-clés de la dynastie. La thèse montre à quel point les Anjou-Durazzo cherchèrent désespérément une légitimation et un consensus afin de stabiliser leur pouvoir. Les documents, les cérémonies, les ordres chevaleresques, l’héraldique, les tombeaux, les fondations d’églises et le mécénat participèrent à la lutte contre l’instabilité en Italie du Sud pendant la période du Grand Schisme d’Occident. Au final, le projet des Anjou-Durazzo échoua faute d’un héritier de sang, car Jeanne II, dernière souveraine de la dynastie, fut impliquée dans la guerre des Deux Cent Ans entre les Angevins et les Aragonais.