15 décembre 2023
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Émilie Cauvin, « « La Biche au Bois » de Madame d’Aulnoy, brodeuse et conteuse », Pergola, pépinière de revues du Grand Ouest en libre accès, ID : 10.56078/motifs.935
Le motif de la fiancée substituée semble, par sa récurrence, particulièrement repris dans les contes de fées de la fin du xviie siècle. Celui, plus particulier, de « La Biche au bois », après avoir fait une apparition dans une des lettres de Madame de Sévigné, fonde même un conte de Mme d’Aulnoy. Le choix de ce thème permet à la conteuse de pratiquer une mise en abyme de l’art. Madame d’Aulnoy loue le siècle de Louis XIV en célébrant le luxe parisien à travers l’art « merveilleux » des petites mains et des brodeuses. Ces broderies qui magnifient le tissu, sont également celles qui ornent les toiles, qu’elles soient celles des « layettes » royales ou celles des portraits des personnages à marier. Toiles brodées, toiles peintes, Madame d’Aulnoy use de l’art de la conversation en proposant un portrait qui parle. La parole est alors un art lié à la toile qui émerveille le roi et la reine. En salonnière de talent, Madame d’Aulnoy brode son conte à partir du motif filé de « La Biche au bois », en exhibant son art mondain bien ourlé, son art moderne du conte de fées. Son appétence pour l’exagération participe de ce même mouvement de la main : la conteuse brode, digresse, amplifie son récit. Le geste de broder est dès lors une mise en abyme de l’art oral mais également scriptural de la conteuse qui confectionne La Biche au Bois en un tissage qui rompt avec la trame des Anciens.