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Kirill Ganzha, « Rôle de l’environnement linguistique dans l’apprentissage d’une langue étrangère : perception de l’accent lexical russe par les francophones », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.587176...
En observant les étudiants francophones s’exprimer en russe en classe, nous avons remarqué un certain nombre d’erreurs récurrentes liées au rythme du mot russe. Les difficultés à percevoir et, en conséquence, à produire l’accent lexical russe, pouvant frapper n’importe quelle syllabe, découlent principalement des différences entre les systèmes accentuels des deux langues. Faute d’expérience perceptive et articulatoire en russe, l’apprenant transfère inconsciemment les traits de sa langue maternelle à la langue apprise.Nous avons fait écouter des séries de mots russes hors contexte à 12 étudiants francophones en leur demandant d’indiquer la syllabe perçue comme proéminente dans chaque mot entendu. Parmi les résultats, globalement encourageants, une difficulté assez étonnante témoignant d’un traitement subjectif, conditionné par le français, consiste en la non-perception des syllabes finales allongées russes comme proéminentes. La perception d’oxytons de longueur différente (Moskva « Moscou », boroda « barbe », magnitofon « magnétophone », etc.) est émoussée par l’influence de la langue maternelle dans laquelle la syllabe porteuse de l’accent primaire est toujours finale et allongée. C’est un phénomène qui est ancré dans la perception d’un francophone et intériorisé comme constituant la norme. De ce fait, les syllabes finales proéminentes ne sont pas forcément perçues comme telles, contrairement aux syllabes accentuées en position non finale, qui, elles, attirent l’attention parce qu’elles rompent le rythme régulier. La bonne perception des proéminences non finales s’explique par le fait qu’en français l’accentuation non finale a une valeur subjective et un rôle d’emphase, tandis que le marquage final est automatique et cadentiel.