2002
Cairn
Laurence Assous et al., « L'assurabilité de la dépendance et sa prise en charge par le secteur privé : Une mise en perspective internationale », Revue économique, ID : 10670/1.59hmhy
Afin de pallier l’augmentation probable de la demande de soins de longue durée et les insuffisances de la couverture publique dans les nombreux pays où la dépendance n’est pas reconnue comme un risque normal de l’existence par la Sécurité sociale, l’assurance privée semble être en mesure de jouer un rôle important dans la couverture des personnes n’ayant pas accès aux prestations attribuées sous conditions de ressources. L’assurance dépendance rencontre cependant un certain nombre de difficultés : d’une part, les difficultés « habituelles » de l’assurance (aléa moral, antisélection) ; d’autre part, l’assurance dépendance se heurte à des incertitudes majeures quant à l’évolution tant des probabilités d’entrée en dépendance que du coût unitaire des soins et aides de longue durée. En réponse à ces incertitudes, les assureurs proposent généralement des polices qui limitent leur exposition au risque en en reportant une part importante sur les assurés : la quasi-totalité des contrats prévoit ainsi des prestations forfaitaires qui ne sont versées qu’en cas de dépendance très lourde. Ces limites fournissent peut-être une explication rationnelle au faible développement de l’assurance privée, y compris dans des pays où les prestations publiques se limitent à une aide sociale attribuée sous conditions de ressources. Ainsi aux États-Unis, malgré l’intervention des pouvoirs publics qui ont régulé le marché de manière à améliorer la qualité des produits, le nombre de souscripteurs demeure faible. Ceci amène à considérer des modes alternatifs d’organisation du marché de l’assurance dépendance, voire une reconnaissance par l’État de la dépendance comme un nouveau risque couvert par la Sécurité sociale.