Une maladie de la perception. Enjeux identitaires et configurations affectives dans la littérature du sida

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Du début des années 1980 à la fin des années 1990, dans le contexte de la crise épidémique de VIH/sida, émerge une forme de littérature autobiographique par laquelle les malades appréhendent leur vie, leur corps et leur mort prochaine. Maladie sociale tout autant que physique, le sida nécessite alors la création d’un espace où repenser son rapport au monde et aux autres dans la perspective de la disparition. Or, l’expérience de la mort, dans la mesure où elle est toujours commune, fait de ces autres, famille, amants, amis, les passeurs nécessaires d’un récit qui reconfigure les relations interpersonnelles du malade et par là-même le replace dans le monde en tant que sujet. Le passage par l’altérité, qui s’exprime également dans le recours à l’écriture, implique donc de sortir du schéma de stigmatisation de l’individu malade pour concevoir l’organisation de son environnement affectif. Dès lors, ceux qui, après la mort, restent vivants, deviennent acteurs d’un récit à la fois singulier et collectif de la maladie et de ce qu’elle engage en termes d’identité et d’image.