Scènes et mises en scène plastiques de la parole des « invisibles » : le cas du dialogical art en Europe»

Fiche du document

Date

2022

Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes



Citer ce document

Ophélie Naessens, « Scènes et mises en scène plastiques de la parole des « invisibles » : le cas du dialogical art en Europe» », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.5a1oim


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr

Au cours des années 1990, la scène artistique internationale a vu apparaître des artistes et des collectifs (Art Critical Ensemble 1 , Suzanne Lacy, WochenKlausur, Littoral Arts 2 , etc.) présentant dans l'espace public des performances ou situations qui s'articulent autour d'un échange discursif-conversation, débat, dialogue-, faisant oeuvre à partir d'une prise de parole. Au-delà d'une invitation à participer ou à interagir avec une oeuvre présentée dans une salle d'exposition, ces artistes convient les citoyens à se réunir dans l'espace public et à prendre part à un dialogue collectif. Les oeuvres qui s'apparentent à ce type de pratiques, bien que revêtant des formes hétérogènes, se retrouvent sous l'appellation de « dialogical art 3 » utilisée notamment par le critique et historien de l'art américain Grant H. Kester pour désigner un art empruntant la forme ouverte de l'échange dialogué. Si la production d'objet a longtemps été délaissée par les créateurs affiliés à la mouvance du dialogical art 4 , celle-ci resurgit avec force dans les préoccupations des artistes des années 2000, notamment à travers l'apparition de dispositifs vidéographiques complexes. Parmi ces « pièces de conversation »-performances dans l'espace public ou performances vidéo-, nombreuses sont celles qui proposent de donner la parole à des individus marginalisés, oubliés, ou invisibilisés par la société. Plus précisément, nous nous attarderons ici sur un premier dispositif reposant sur la création d'une « scène de parole », et sur un second se fondant sur la mise en scène des corps des « sans voix ». À partir de l'étude de deux exemples correspondant respectivement à ces deux moments du dialogical art en Europe, nous proposons dans cette contribution de mettre en lumière les méthodologies instaurées par les artistes visant à recueillir la parole des « invisibles » (respectivement ici un groupe de prostituées toxicomanes et un groupe de réfugié·e·s), les dispositifs plastiques et scéniques créés, ainsi que les expériences esthétiques qu'ils induisent. Wochenklausur, Shelter for Drug-Addicted Women, Zurich, 1994. Depuis 1992, le collectif d'artistes autrichiens Wochenklausur se réunit régulièrement pour concevoir des « interventions sociales 5 », des créations immatérielles visant à transformer et à 1. Critical Art Ensemble est un collectif formé en 1987 qui explore les intersections entre art, théorie, technologie et activisme politique à travers l'infographie, le web design, la vidéo, la photographie, le livre d'artiste et la performance. Pour plus d'informations, consulter le site : http://critical-art.net. 2. Littoral, sous-titré New Zones for Critical Art Practice, est une organisation britannique de recherche et de développement en art qui favorise de nouvelles stratégies créatives, des interventions artistiques et culturelles en réponse aux questions sur le changement social, culturel et environnemental. 3. Ce concept n'a pas pour objectif de réunir l'ensemble des pratiques collaboratives, engagées ou relevant du « community art », mais, davantage, de se focaliser sur des projets qui s'articulent autour d'une conversation, laquelle devient partie intégrante du travail artistique. 4. Dans l'introduction de Conversation Pieces, Grant H. Kester précise : « They [these projects] replace the conventional, 'banking' style of art […]-in which the artist deposits an expressive content into a physical object, to be withdrawn later by the viewer-with a process of dialogue and collaboration.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en