La formation du clergé paroissial en Hongrie sous les rois angevins

Résumé Fr

Les dernières décennies du XIIIe siècle avaient vu une dégradation de la qualité du clergé en Hongrie, à la fois sur le plan moral et intellectuel, dans un contexte de crise générale de l’Église. Le règne des Angevins (1301-1395) correspond-il à une amélioration du niveau culturel des clercs auxquels étaient confiées les paroisses du royaume ? Pour le savoir, nous commencerons par examiner l’évolution de la législation ecclésiastique hongroise à cette période. Après un grand silence documentaire couvrant les trois premiers quarts du XIVe siècle, les exigences en matière de connaissances des futurs prêtres se précisent en effet à la fin du règne de Louis le Grand. Elles ne représentent cependant qu’une timide progression par rapport aux normes formulées à l’époque arpadienne. Il nous faudra ensuite prendre la mesure de l’originalité des institutions chargées en Hongrie de la formation du clergé paroissial. En l’absence d’université locale, les écoles cathédrales, à leur apogée médiéval au XIVe siècle, jouaient un rôle majeur dans cet ensemble. Les programmes enseignés ne présentaient, quant à eux, guère de différences par rapport à ceux des écoles de la Chrétienté occidentale, universités comprises ; tout juste peut-on remarquer le caractère traditionnel des courants théologiques étudiés dans les écoles cathédrales (d’après le contenu des bibliothèques). Après avoir rappelé ces données de départ, nous analyserons un à un les différents indices permettant, à partir d’une documentation éparse et discontinue, d’estimer le niveau réel du clergé paroissial hongrois. Nous tenterons d’apprécier tout d’abord le taux de fréquentation des écoles cathédrales et des universités (étrangères) ainsi que les grades obtenus par les clercs paroissiaux. Point de chiffres cependant, faute de séries documentaires continues ; seules les suppliques pontificales (pour les grandes paroisses) et quelques registres municipaux sont exploitables dans cette perspective. Nous serons amenés à constater que la majorité des clercs paroissiaux hongrois n’avaient connu que l’école paroissiale au moment de leur entrée en charge, mais qu’une amélioration semble se dessiner à l’extrême fin du XIVe siècle. Nous nous intéresserons ensuite aux lectures de ces clercs, en observant le volume et la composition des bibliothèques paroissiales. D’après les inventaires conservés (malheureusement fragmentaires et tardifs), celles-ci se composaient encore en grande partie d’ouvrages à caractère utilitaire (manuels liturgiques) à l’époque angevine ; sauf dans les villes, où les fonds paroissiaux se caractérisent par un certain éclectisme à la fin du siècle. Enfin, le nombre, la nature et la qualité des écrits produits par les clercs de paroisses (documents juridiques ou ecclésiastiques) fourniront un élément d’appréciation supplémentaire. Bien que les sources de ce type soient encore plus indigentes que les précédentes, nous observerons sans difficulté une très grande différence entre clercs urbains et clercs ruraux de ce point de vue. Nous tenterons, au terme de cette enquête, de comparer ces résultats (partiels et hypothétiques, il est vrai) avec ceux que l’on connaît pour d’autres régions de la Chrétienté latine à la même période.