2022
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Romain Loriol, « Les émotions religieuses du Prince, d’Auguste à Domitien », Dialogues d'histoire ancienne (documents), ID : 10.3917/dha.481.0021
L’étude des «émotions religieuses» des empereurs, c'est-à-dire des émotions qui procèdent des échanges, rituels ou non, entre le Prince et les dieux, doit être d’abord replacée dans la perspective des débats sur la place de l’émotion dans la religion romaine. Il faut nuancer deux représentations encore répandues et difficilement compatibles : un ritualisme froid, sans âme, accompagné pourtant d’une sensibilité souvent naïve face aux prodiges. Or il n’y a pas de contradiction entre rite et émotion (collective ou individuelle) ; quant aux signes divins, ils étaient souvent appréhendés de manière rationnelle. Dans ce cadre, les affects du Prince ne se distinguaient pas de ceux de ses concitoyens. En revanche, son statut exceptionnel modifiait la manière dont ses émotions étaient perçues et jugées. D’une part, l’évaluation, positive ou négative, des émotions impériales ne dépendait pas seulement de leur conformité à un idéal de comportement individuel en matière religieuse, mais de la façon dont elles illustraient la prise en compte par l’empereur de l’intérêt public. D’autre part, les émotions du Prince pouvaient être lues, en certaines circonstances et du fait de sa proximité (relative) avec les dieux, comme des émotions «divines» ou prémonitoires.