15 juin 2020
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/altIdentifier/doi/10.4000/erea.9462
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Isabelle Brasme, « The Imprint of the War in Ford Madox Ford’s Critical Writings », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/erea.9462
Ford Madox Ford estimait que l’année 1914 « semblait être coupée en deux » par la Première Guerre mondiale ; cette expression s’avère également pertinente dans la chronologie personnelle de Ford. Sa vie privée comme sa carrière littéraire furent de fait profondément bouleversées par le conflit mondial. Durant les premiers mois de la guerre, Ford produisit des essais prolifiques sur le futur de la littérature et, à plus large échelle, de la civilisation et de la psychologie humaine. Dans ses « Portraits littéraires » publiés dans la revue Outlook, il anticipa de manière remarquable les conséquences que la guerre aurait sur les arts et sur ce qu’il appelait « l’esprit ». Cependant, il suffit de se pencher sur le détail des essais comme de la production littéraire de Ford dans les années 1910 pour constater une coupure nette qui coïncide avec l’entrée de Ford dans l’armée en 1915, et son changement subséquent de statut : non plus un spectateur et un commentateur lointain, mais un témoin direct de la tuerie de masse qui se déroulait sur le front. Ses affirmations d’avant la guerre laissèrent la place à des questions ; et comme ce fut le cas de nombreux auteurs qui participèrent directement aux hostilités, une décennie s’écoula avant que Ford ne parvînt à transcrire son expérience de la guerre sous une forme romanesque, à travers la tétralogie Parade’s End. Cet article a pour objectif d’examiner les essais critiques de Ford durant la guerre, et d’analyser la façon dont il s’efforça de composer avec l’aporie représentationnelle qui fut provoquée par son expérience directe du combat. Le corpus de cette étude est formé des « Portraits littéraires » susmentionnés ; des deux essais « A Day of Battle », rédigé sur le Saillant d’Ypres, et « War and the Mind », écrit par Ford peu après son retour du front ; ainsi que des lettres dédicatoires en exergue de trois volumes de Parade’s End : No More Parades, A Man Could Stand Up— et Last Post. Ces différents textes permettent d’explorer la façon dont la technique impressionniste que Ford commença à théoriser avant la guerre en vint à être renouvelée et approfondie dans son écriture d’après-guerre, dans sa tentative de rendre l’expérience indicible de la guerre.